Critique : L'Oeuf du serpent

Nicolas Thys | 29 juillet 2008
Nicolas Thys | 29 juillet 2008

En 1976, suite à de graves ennuis avec la justice qui l'ont mené à la dépression, Ingmar Bergman quitte la Suède pour l'Allemagne et y tourne L'Œuf du serpent, œuvre atypique et étonnante à la fois pour ceux qui connaissent son œuvre et pour ceux qui la découvrent. Pour la première fois l'ensemble du film est réalisé hors de son pays natal et il obtient un budget conséquent qui va lui procurer plus de liberté. Ce film très personnel, et étrangement mal reçue par la critique à sa sortie, est une petite merveille même si on peu légitimement voir en lui une anomalie formelle dans l'œuvre plutôt austère du cinéaste.

 

L'Œuf du serpent  se déroule en 1923 et prend place dans une somptueuse reconstitution de la République de Weimar - La référence à Mabuse est très forte - au moment où Hitler tente sa première percée vers le pouvoir et où l'antisémitisme progresse à grand pas. Ici le cinéaste suédois, qui se plait à laisser surgir des traces de sa propre histoire dans ses films, s'attaque à la fascination qu'à pu exercer sur lui et avant la guerre l'idéologie nazie et son aspect spectaculaire et qu'il réprouvait depuis. Naviguant entre Kafka pour son atmosphère étrange et cauchemardesque, Philip K. Dick pour son côté paranoïaque et pessimiste et les expressionnistes en hommage au courant artistique de l'époque, Bergman livre là une fable historique forte sur l'humain et son devenir.

 

Ce film, très éprouvant, n'est d'ailleurs pas simplement une énième dénonciation des horreurs nazis. Il prolonge également le travail entrepris depuis longtemps par le réalisateur de Persona sur la peur, l'horreur et leur représentation les plus diverses mais aussi sur l'homme, en sondant d'une manière extrême les profondeurs de son esprit.

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