Critique : L'Oeil sauvage

Thomas Messias | 26 juillet 2008
Thomas Messias | 26 juillet 2008

Un film recommandé par Edward Hopper peut-il être mauvais, franchement ? A priori non : en tout cas, The savage eye est une fichue réussite, une pépite ressortie des cartons par Carlotta 47 ans après sa première sortie. Voilà un objet très difficile à vendre, puisque ce n'est pas véritablement une fiction, mais que ce n'est pas à proprement parler un documentaire. Plutôt une succession d'images "de la vraie vie", captées et montées afin de former le portrait d'une femme et d'une époque. Pour autant, The savage eye n'a rien d'un film-concept, ni d'un machin ardu et austère : c'est la description très puissante d'une société vouée au consumérisme et à l'addiction, description effectuée de façon plus visuelle qu'intellectuelle. Faire passer des messages profonds en n'ayant presque recours qu'à des images, il fallait être très costaud.


On peut aussi laisser le propos de côté et considérer The savage eye comme un voyage embrumé, une perle esthétique transcendée par une double voix off assez hypnotisante (les dialogues devant la caméra se comptent sur les doigts de la main). Que les réalisateurs donnent à voir un accident de voiture ou une séance de yoga, c'est beau. Juste beau. Et un peu effrayant aussi, comme dans cette scène de transe catho rappelant furieusement les instants les plus marquants du doc Jesus camp. Soixante dix-sept minutes d'une grâce pure mais inquiète, se concentrant évidemment sur l'Amérique des années 60, mais réussissant l'exploit de rendre le film universel. Ceux qui parviendront à voir le film sont des petits veinards.

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