Critique : Nuit et brouillard au Japon

Nicolas Thys | 12 juillet 2008
Nicolas Thys | 12 juillet 2008
Précisons-le d'emblée, Nuit et brouillard au Japon n'a que peu à voir avec le court-métrage d'Alain Resnais Nuit et Brouillard. C'est un film qui, aux premiers abords, peut paraître assez difficile voire même obscur pour des européens néophytes en histoire et géopolitique nippones. Il aborde un sujet tout à fait contemporain du tournage, marqué par de nombreuses protestations et qui semble complètement oubliée de nos jours : les accords passés entre le Japon et les Etats-Unis en juin 1960 qui donnèrent lieu à un déferlement de manifestations antiaméricaines, essentiellement soutenues par les étudiants, la gauche et le parti communiste, et les dix années qui les précèdent. Soit une période comprise entre les dates du premier traité de paix signé par les deux pays en 1951, et du second traité en 1960.

 

Le film n'explique pas réellement les implications de ces traités mais s'attarde essentiellement sur l'évolution et l'organisation interne complexe et soumise à de nombreuses polémiques et contradictions du parti révolutionnaire japonais, souvent espionné par l'état, alors qu'il semble en pleine remise en cause et dislocation. C'est l'occasion pour Oshima de renouer avec ses premiers amours difficils puisque sans avoir sa carte, il a largement manifesté dans les rangs du parti communiste au début des années 1950. Mais pour le réalisateur les événements de juin 1960 montrent à la fois les limites d'un régime démocratique qui n'écoute plus le peuple et d'un parti populaire décadent qui ne répond plus aux attentes qu'il créees.

 

Le cinéaste fait ressortir problèmes personnels et sentimentaux, hypocrisies, mensonges et drames en tous genres alors même que l'heure devrait être à la fête puisque Nuit et brouillard au Japon se déroule au cours d'un mariage. Mais celui-ci tourne rapidement au psychodrame et la fête promise à la morosité et au règlement de compte. Conflits individuels et amoureux ne font jamais bon ménage avec la politique et associer les deux est assez osé pour l'époque. En outre la mise en scène très particulière donne au film un ton à la fois théâtral et cinématographique pour une expérience visuelle plutôt convaincante.

 

Finalement si le film pêche par une problématique historique oubliée, peu expliquée et plutôt déphasée aujourd'hui, il subsiste une oeuvre politique intéressante valorisée par une réalisation impressionnante qui permet à Oshima d'intégrer pleinement la Nouvelle Vague japonaise même s'il a toujours plus ou moins renié cette catégorisation.

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