Critique : Qui donc a vu ma belle ?

Nicolas Thys | 9 juillet 2008
Nicolas Thys | 9 juillet 2008
Essentiellement reconnu et célébré pour ses mélodrames, Douglas Sirk a pourtant débuté sa carrière allemande en signant plusieurs comédies longues ou courtes et plutôt réussies. Il n'est donc pas étonnant de le retrouver s'attelant à ce genre au début des années 1950 à Universal. Il en enchainera 5 entre 1951 et 1953 avec plus ou moins de succès, chacune racontant la vie quotidienne problématique d'un groupe d'individus ni riches ni pauvres mais représentatifs de leur époque. Souvent mal aimées, elles n'égalent pas les comédies de Sturges, Wilder ou Tashlin mais elles n'en restent pas moins tout à fait honorables et méritent d'être reconsidérées.

 

Premier film en couleurs du cinéaste, Qui donc a vu ma belle ? peut se rapprocher par certaines de ses thématiques de comédies familiales et musicales comme Le Chant du Missouri de Vincente Minelli  ou de Belle jeunesse de Rouben Mamoulian réalisés chaque fois quelques années plus tôt. En outre, sans être véritablement une comédie musicale, le film de Sirk se rapproche très fort de ce genre dans lequel il ne s'est jamais réellement aventuré malgré l'importance de la musique et de la danse dans ses films. Les quelques séquences musicales ou dansées apportent d'ailleurs à Qui donc  a vu ma belle ? un rythme adéquat qui ne faiblira pas et la couleur une force plastique supplémentaire dont les oppositions fortes et les rapprochements rappellent fortement l'utilisation qu'en fera Russell Metty dans les futurs mélodrames de Sirk.

 

Comme dans No room for the groom Sirk propose, avec les moyens proposés par le dictat des studios, une vision à la fois réaliste par son arrière plan mais toujours très cocasse et caricaturale dans son scénario, de l'Amérique jeune et « middle class » de l'époque du tournage. Même si le film est censé se dérouler dans les années 1920, les costumes ainsi que le train de vie des habitants tant par la musique que par les glaces, rappellent fortement les « fifties ». Une fois encore la famille vit correctement mais la mère est insupportable avec ses désirs de grandeur et la famille soumise à divers problèmes apportés par une rentrée subite d'argent qui fait tourner les têtes et le trop plein de morale d'une nation au bord de l'explosion qui apporte au film une dynamique intéressante et très bien mise en place.


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