Critique : No room for the groom

Nicolas Thys | 9 juillet 2008
Nicolas Thys | 9 juillet 2008

Essentiellement reconnu et célébré pour ses mélodrames, Douglas Sirk a pourtant débuté sa carrière allemande en signant plusieurs comédies longues ou courtes et plutôt réussies. Il n'est donc pas étonnant de le retrouver s'attelant à ce genre au début des années 1950 à Universal. Il en enchainera 5 entre 1951 et 1953 avec plus ou moins de succès, chacune racontant la vie quotidienne problématique d'un groupe d'individus ni riches ni pauvres mais représentatifs de leur époque. Souvent mal aimées, elles n'égalent pas les comédies de Sturges, Wilder ou Tashlin mais elles n'en restent pas moins tout à fait honorables et méritent d'être reconsidérées.

 

Parmi ces films No room for the groom peut s'avérer plutôt osé pour l'époque puisqu'il traite de sexualité ou plutôt de l'impossibilité pour un homme récemment marié d'avoir des relations normales avec sa femme suite à l'accumulation de péripéties délirantes et burlesque depuis une maladie le jour de ses noces, à son départ à la guerre en passant par l'invasion de sa maison par sa belle famille, véritable troupeau empêchant le couple de se retrouver seul. Sirk réussit de manière convaincante à mettre en scène les problèmes de communication, et les échappées impossibles des protagonistes dans une maison-prison toujours trop petite où règne un immense capharnaüm, tout en insérant quelques métaphores salaces connues mais amusantes telles ces bouteilles de champagne qui explosent comme les bouteilles de lait dans La Blonde et moi.

 

Mais, en arrière plan, c'est bien la problématique du progrès et des traditions qui est traitée, celle du désir d'argent à outrance et du matérialisme qu'on retrouvera dans Qui donc a vu ma belle ? et que Sirk met à mal et critique violemment. L'urbanisation et l'expansion citadine face à l'appauvrissement de la campagne : l'usine de ciment dominatrice face aux champs qu'elles cherchent à recouvrir. Question propre à une époque aujourd'hui révolue mais qui montre qu'à travers ses comédies, Sirk cherche essentiellement à poser un certain regard (économique et social avant tout) sur une Amérique en mutation avec les rares moyens que lui offrait alors Universal.

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