Critique : La Harpe de Birmanie

Nicolas Thys | 2 juillet 2008
Nicolas Thys | 2 juillet 2008

Nommé aux oscars en 1956 et récompensé par deux prix à Venise, La Harpe de Birmanie est un chef d'œuvre du film de guerre. Adapté d'un célèbre roman Michio Takeyama, le film, qui se déroule dans une Birmanie encore sous le joug de l'Empire Britannique quelques jours après la fin de la seconde guerre mondiale, se révèle être un discours profond et sage sur les horreurs et l'absurdité de la guerre, dénonçant une barbarie innommable et inutile.

 

Cette histoire d'un soldat, harpiste-né, davantage artiste que militaire puisque sa musique ne tue point et permet de réconcilier des camps opposés, qui voit germer en lui un désir de paix absolue après l'échec d'une mission et sa découverte de charniers est d'une beauté plastique et graphique à couper le souffle. Lumières et ombres donnent par moment l'impression que chaque plan est peint. Parfois les décors, souvent épurés, semblent être dessinés dans un noir et blanc où l'homme surgit, vacillant, cherchant sa voie. L'amour de Kon Ichikawa pour la peinture, lui qui a débuté par du cinéma d'animation, est nettement perceptible.

 

Bien que traité différemment, La Harpe de Birmanie pourrait être rapprochée de La Ligne rouge de Terrence Malick pour la poésie qu'il dégage et la communion qui s'opère avec une nature parfaitement sublimée par le cinéaste. Une nature présente dès l'ouverture du film par quelques mots qui rappellent son lien au sang et à la terre. Une nature qui dépasse l'homme, le transcende et avec laquelle il est nécessaire de composer sans jamais chercher à la dompter. Une nature à double tranchant qui réconcilie avec la vie tout en exposant à ceux qui la peuplent l'horreur qu'ils ont créée, rappelant à la mémoire ces quelques vers célèbres :

 

                                Nature, berce-le chaudement : il a froid.                                                        Les parfums ne font pas frissonner sa narine  ;                                                   Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,                                                               Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

 

Et la divine musique du harpiste devenu moine ainsi que son désir d'apaiser les âmes des soldats morts vainement au combat quand ses camarades de régiments le cherchent, font de lui un héros hors-norme, intemporel, poétique et lénifiant.

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