Critique : La Capture

Lucile Bellan | 18 juin 2008
Lucile Bellan | 18 juin 2008

Depuis quelques années productrice et réalisatrice, la québécoise Carole Laure, connue en France dans les années 80 comme comédienne et chanteuse, s'attelle avec talent et sensibilité au thème des violences familiales dans La Capture. De son personnage principal, une jeune femme au caractère animal et au fort instinct de survie, on comprend aisément le point de vue, le regard tout personnel de la réalisatrice sur le sujet.

 

Sans être un film particulièrement féminin, même avec une actrice principale et une réalisatrice (féminines donc), c'est surtout un film subtil et fort, qui tire de ses personnages la quintessence de leur humanité, brisant toutes les défenses sociales dont ils feraient naturellement preuve. Les actions de la jeune femme, qui entraîne toute sa famille, ses voisins, ses amis dans son projet, sont des actions viscérales, qui viennent des tripes. Comme quelque chose de long, violent et dur dans la vie des femmes, Rose « accouche » métaphoriquement de son père et de sa famille, un acte fou qui permet à tous de renaître, de se voir offrir une nouvelle vie. Et cette force, sans jamais visuellement tomber dans l'agressif, vide aussi le spectateur de son énergie. Avec Rose, on veut et on se bat pour comprendre son père, lui faire dire les mots qui donneront un sens au gâchis qu'est cette famille.

 

Le choix de Carole Laure d'appuyer son propos en y insérant des allégories sur la nature, la forêt et les animaux sauvages sert parfaitement la construction de ses personnages. Et permet, pour une fois, une vision frontale et sans concession des conséquences des violences familiales, sans misérabilisme ni pathos. Alors dire qu'il s'agit d'une très belle réussite serait un peu un euphémisme...

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire