Critique : La Troisième partie du monde

Jonatan Fischer | 17 juin 2008
Jonatan Fischer | 17 juin 2008

L’amour, ce trou noir dont on ne peut jamais ressortir indemne... Pour son premier long-métrage, Eric Forestier a décidé de faire rimer drame sentimental et surnaturel. C’est ainsi que nous découvrons le récit de la jeune et belle Emma qui vit une passion avec le jeune et beau François. Isolés du monde dans leur maison de campagne, ils font l’amour, se chamaillent, s’apprivoisent. La première partie, du film, est un bijou de sensualité et de tension. La caméra tremble comme l’on tremble au passage d’un amour qui s’annonce un peu trop destructeur, à la crainte d’une fâcheuse nouvelle. François est spécialiste des trous noirs et va, ironie du sort, disparaître mystérieusement du jour au lendemain, laissant sa belle en pleine confusion.

 

Qu’est-il arrivé à notre héros romantique ? Emma a-t-elle quelque chose à voir avec sa disparition ? Truffé de délicates métaphores, La troisième partie du monde est une œuvre singulière dans le paysage cinématographique français. On y parle de trous noirs, de portes qui ne s’ouvrent pas dans des appartements vides, d’êtres qui deviennent étrangement translucides…Le réalisateur parvient dès les premières minutes à instaurer une ambiance, un climat à la fois mystérieux et vaporeux. Centre de toutes les convoitises et de toutes les obsessions, le personnage d’Emma, interprété par une formidable Clémence Poesy, tout en nuances, tour à tour femme enfant et femme fatale.  Autour d'elle gravite un casting aussi pertinent que convaincant. Ajoutez la musique de Jay-Jay Johanson, une réalisation maitrisée et un scénario aussi intelligent que surprenant, et vous obtenez une des meilleures surprises de l’année.

 

Aurions-nous trouvé un film parfait ? Pas si vite. Il faut bien avouer que les effets spéciaux déployés sont loin d’être de toute beauté et qu’ils font un peu cheap face à l’ensemble. Si nous décelons là une certaine faute de goût (le film aurait tellement gagné à jouer la carte de la sobriété jusqu’au bout), celle-ci n’ampute nullement la qualité d’un film si atypique et rafraichissant qu’on lui pardonnerait bien des pêchés mignons. Charnel, magnétique et obsédant, La troisième partie du monde est sans aucun doute un des films les plus troublants qu’il nous ait été donnés de voir cette année. Si vous aimez les histoires d’amour (et le cinéma) pas comme les autres, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Résumé

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