Critique : Serbis

La Rédaction | 2 juin 2008
La Rédaction | 2 juin 2008

Sorti cette année, John John fut l'une des plus belles claques de 2008 et la découverte d'un cinéaste d'exception, le philippin Mendoza. En attendant Slingshot, sensation du dernier festival de Deauville, c'est avec une excitation toute particulière que l'on attendait Serbis, son dernier film, présenté en compétition officielle à Cannes.

 

Le film prend pour cadre un décor unique : un hôtel particulier, tenu par une famille nombreuse, qui accueille le cinéma porno de la ville, lieu de rencontre d'âmes esseulées, mais aussi abri pour de sombres commerces mafieux et prostitutionnels. La première impression devant le film laisse pantois. Si le point de vue garde une vitalité documentaire très forte, le rythme ne semble plus connaître de limite. Tout va trop vite dans cette tour de Babel. Cette démesure fellinienne, si elle peut émerveiller aux prémisses de l'œuvre, finit pourtant par lasser, voire déliter une attention succombant à une telle effusion de vie.

 

Pourtant, le film continuera son chemin dans les esprits, dans les heures et les jours suivant sa projection. Le recul (si délicat à Cannes) réveille ainsi un éblouissement théorique sur la durée. Cette excitation perpétuelle cache en vérité une œuvre qui se consume de l'intérieur, à force de plaisirs manqués. En effet, de nombreuses scènes sexuelles montrent souvent des orgasmes interrompus, comme reportés pour une jouissance finale extatique.

 

Grand film malade, Serbis trouvera son point G dans l'autodestruction, comme bilan de toutes ces excitations épuisantes. On s'en voudra d'avoir échappé à une vision d'une telle subtilité.

 

Yann François

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