Critique : Hold-up à la Milanaise
Petit élément utile pour commencer : Hold-up à la milanaise est la suite du Pigeon, l'une des meilleures comédies de Mario Monicelli, énorme succès en Italie lors de sa sortie en 1958 et filon que les producteurs n'ont pas voulu abandonné. Pour Nanni Loy, le réalisateur, il s'agit avant tout d'un film de commande qui lui servira de passerelle pour mettre en scène son film suivant.
Malgré tout cette suite, dans laquelle n'apparaitront ni Toto ni Marcello Mastroianni, est loin de démériter. Tout d'abord grâce à un très bon scénario de Age et Scarpelli, deux des plus importants auteurs de la comédie italienne des années 1950 et 1960 (ils signeront également le script de Le Bon, la brute et le truand pour Sergio Leone dans un autre genre), qui réussit une fois encore le pari de faire une satire corrosive de l'Italie populaire en détournant certains codes du néoréalisme mais aussi du film de gangsters.
Ensuite la mise en scène, bien qu'un peu abrupte parfois, ne manque pas de rythme et s'amuse de l'aspect ultra caricatural de cette bande de pieds nickelés froussard perdus entre des valeurs morales dont ils sont l'hypocrisie incarnée et un désir de se relever de situations familiales, sociales ou financières catastrophiques grâce à de l'argent facilement gagné mais qu'ils sont incapables d'assumer, incarnant par là l'antithèse du gangster made in Hollywood qu'ils ne feront que pasticher inlassablement.
A une époque où Godard reprenait les thèmes du polar noir dans A bout de souffle pour lui aussi les caricaturer afin de les mythifier avec le voyou rebelle et marginal accompagné d'une blonde naïve et libérée, le même vent de liberté soufflait sur l'Italie mais sur son versant parodique. On retrouve d'ailleurs cette même blonde devenue une stripteaseuse incapable de jouer au jeu de l'oie, aux règles trop compliquées pour elle, et qui met sept heures pour écrire une lettre.
Nanni Loy, sans faire de son Hold-up un chef-d'œuvre, parvient à s'en sortir avec les honneurs, réalisant une comédie parfois lourde mais savoureuse et sans oublier de reprendre la description sociale chère au film de Monicelli, beaucoup moins poussée mais toujours présente.
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