Critique : 15 ans et demi

C'est un euphémisme de dire que le cinéma français a du mal avec les comédies adolescentes. Les « modèles » du genre restent ainsi  Sexy Boys et Quatre garçons pleins d'avenir. Plus récemment, Hellphone et Foon s'y sont essayés avec plus (pour le premier) ou moins (pour le second) de réussite. Et il faut avouer que ce n'était pas gagné d'avance pour 15 ans et demi. Le film ne présente pas ou peu ses personnages, plante à peine le décor, traite son sujet de départ par-dessus la jambe, et il voudrait déjà faire rire. Pourtant, on aurait dû s'y attendre puisque dans les précédents forfaits de Thomas Sorriaux et François Desagnat, il suffisait de tomber sur une tonne de beu et chanter le Frunkp (La Beuze) ou de pisser tous ensemble et rencontrer Dieu (Les 11 commandements).

S'ils se retiennent, les deux compères n'en vont pas moins dans tous les sens. Parodies de films, séances de langage djeunz, soirées arrosées et enfumées, amourettes ou coucheries de lycée, seconds rôles à foison avec Julie Ferrier, Lionel Abelanski, Alain Chabat, François Damiens... et même François Berléand en Albert Einstein. Cherchez pas, y a rien à comprendre. Si, de fait, le film connaît des ratés, mine de rien, il enfonce tête baissée les clichés, communiquent son énergie et sa légèreté et finit par emporter l'adhésion. Daniel Auteuil, à peine sorti de MR 73, semble paumer, toujours en décalage, et c'est tant mieux. Il y prend plaisir à coup sûr, comme tous les adultes qui sont souvent à l'origine des meilleures blagues.

Mais le casting adolescent n'est pas en reste, et, ô surprise, on n'a pas envie de les baffer, juste de sourire et s'émouvoir avec eux. Juliette Lamboley est une sacrée découverte, pétillante et naturelle, tandis que la future Nouvelle Star de M6, Benjamin Siksou, et l'ancienne Star Académicienne de TF1, Maud Verdeyen, y sont crédibles, pour ne pas dire bons. Comme quoi, 15 ans et demi se révèle plein de surprises.