Critique : Deux jours à tuer

« L’argent ne fait pas le bonheur, c’est pas ça la vraie vie », c’est ce que vous dirons tous les honnêtes gens et ce que va vous marteler Jean Becker pendant 1h25 avec son nouveau long-métrage, Deux jours à tuer. Portrait d’un publicitaire qui du jour au lendemain lâche son boulot et détruit son entourage, ce film qui prône un éculé « retour à l’essentiel » témoigne dans sa première partie d’une cruauté assez monumentale. C’est simple, on se demanderait presque si ce brave Jean Becker n’aurait pas pris du crack tant le personnage principal, campé par un Albert Dupontel convaincu, va loin dans ses propos et ses gestes. Lors d’une inoubliable scène de dîner, les remarques acides et déplacées se succèdent entre deux tentatives de viol dans la cave (on vous le dit : incroyable). Tout part tellement en vrille que ça en deviendrait presque jouissif, une sorte de folie ambiante avec des remarques aussi cruelles qu’absurdes. Ca alors ! Le réalisateur qui nous avait habitué depuis quelques temps aux productions gentillettes aurait-il décidé de faire preuve d’audace quitte à être sur le fil, au bord de l’outrance et du ridicule ?

Pas si vite. La méchanceté gratuite, non ce n’est pas du Jean Becker. Et lorsque la voiture de Dupontel débarque sur une route de campagne peuplée de moutons, on comprend bien que les bons sentiments vont reprendre le dessus. Et c’est là que Deux jours à tuer tombe franchement dans le pathétique avec des révélations aussi couillonnes (où comment casser un propos établit en une heure) que nauséeuses. Si vous n’avez pas envie de vous farcir un twist archi appuyé et lacrymale, courrez vite vers la porte de sortie. Le pire dans tout ça, c’est qu’on sent bien que Becker y croit dur comme fer. Dommage, car avec cette œuvre faussement philosophique mais véritablement sentimentaliste et dépassée, on se dit simplement que l’on n’a pas 1h25 à tuer pour voir un si triste spectacle.