Critique : Évasion du Japon

Nicolas Thys | 11 avril 2008
Nicolas Thys | 11 avril 2008

Ayant parfois recours à des génériques d'un graphisme minimal mais d'une grande puissance visuelle, Kjjû Yoshida, pour son second film en couleurs, fait exception et s'entoure de Taro Okamoto pour réaliser ce qui est l'un des plus beaux génériques jamais créés. Artiste japonais méconnu en France, alors qu'il y a passé plusieurs années, Okamoto est grandement influencé par l'ethnologue Marcel Mauss et l'écrivain Georges Batailles. On lui doit cette phrase, à l'image du film de Yoshida : « L'art est explosion ».

 

Ces deux séquences, follement bariolées et réalisées un peu à la manière du Mystère Picasso de Clouzot, où l'artiste, en partie présent à l'écran, peint sur un support en verre, enchâssent Evasion du Japon et contiennent en germe tout le travail formel et narratif qui sera opéré au cours du film. Selon les propres termes de Yoshida son film est un film « d'anti-action ». Effectivement l'action ne provient pas de la lutte entre une puissance maligne et un être bon, mais plutôt de la métamorphose explosive du protagoniste, un pseudo-chanteur banal et généreux qui tombe dans une folie irréversible après un cambriolage qui tourne au désastre et une fuite qui tourne en rond.

 

Explosion également du cadre, du montage et des couleurs, où chaud et froid se disputent sur un fond noirâtre et sauvage, l'ensemble gangrénant et s'insinuant dans le récit jusqu'à le pervertir et le disloquer, et le faire exploser dans un dénouement abracadabrant mais logique. Et, malgré quelques faiblesses scénaristiques, on ne peut qu'admirer une fois encore la maîtrise d'un réalisateur qui est avant tout un admirable styliste.

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