Critique : Le Premier venu

Il aura fallu attendre près de cinq ans pour que Jacques Doillon revienne sur nos écrans. Pour ces retrouvailles attendues, le réalisateur nous plonge au cœur d’un triangle amoureux aussi amusant qu’inspiré.

Il y a Camille (fille supposément venue des beaux quartiers) la spontanée, Costa (garçon au passé lourd et à l’avenir incertain) le badboy en quête de rédemption et Cyril (ami d’enfance de Costa et soudainement amoureux transi de Camille) le flic sentimental. Au cœur de la Baie de Somme en Picardie (ses lacs, ses belles routes de campagne…), ces trois là vont se livrer avec plus ou moins d’honnêteté au jeu de l’amour et du hasard.

Le premier venu est un film tout en mouvements. Des personnages toujours agités, une caméra qui n’en finit plus de tourner, des sentiments changeants, des situations qui peuvent basculer d’une minute à l’autre. Nous sommes au cœur de la jeunesse, de l’urgence. Que veux vraiment Camille ? Vers qui son cœur balance ? Qu’attend elle de Costa ? Ambivalente, le regard amusé, la jeune comédienne Clémentine Beaugrand apporte tout son charme et une fulgurante maturité à un personnage représentatif de la période charnière de l’adolescence, celle où l’on se cherche. Et c’est bien là le point commun de tous les personnages et en particulier celui qui caractérise Costa. Ce dernier va en effet être amené à réfléchir sur sa vie et peut être enfin prendre ses responsabilités plutôt que de fuir ses problèmes et ceux qu’il aime.

Décors naturels, acteurs pétillants, réalisation épurée : les années ont beau passer, Doillon n’en fait jamais trop et continue de livrer un cinéma humble et réfléchi. Seuls les dialogues bénéficient d’une certaine sophistication , l’occasion d’inviter le spectateur à philosopher sur les sentiments, les hommes, les femmes, la vie en général…Un film tout simple qui l’air de rien dit bien des choses sur notre société et sur le comportement humain. Qu’on se le dise : au cinéma, Jacques Doillon n’est vraiment pas le premier venu.