Critique : Le Sabre de la bête

Flavien Bellevue | 30 mars 2008
Flavien Bellevue | 30 mars 2008

Second long-métrage de Hideo Gosha, Le sabre de la bête poursuit l'exploration des failles du système des clans dans l'ère Tokugawa où, cette fois, nous suivons la fuite d'un samouraï déchu, victime de ses idéaux et de sa naïveté qui l'ont poussé à commettre l'irréparable. Si son premier film, Trois samouraïs hors-la-loi, établissait déjà les codes de son cinéma, Hideo Gosha démontre une nouvelle fois qu'il est en pleine possession de ses moyens et livre un des films de sabres japonais marquants des années 60.

 

Après un premier plan choc où un pied de samouraï entrait dans la boue dans son premier film, Hideo Gosha introduit Le sabre de la bête par le visage d'un samouraï en fuite, caché dans un champ. Rapidement, un élément récurrent de la filmographie du cinéaste fait irruption, la femme fatale qui dénonce le pauvre Gennosuke Yuuki à ses poursuivants et par là, lui fait bien comprendre qu'il est seul contre tous.  Pourtant, Gennosuke croisera en chemin différents personnages qui lui prêteront finalement main forte pour divers intérêts ; ce qui lui permettra de prendre le recul nécessaire pour analyser sa situation et remettre en cause la hiérarchie des samouraïs pour mieux choisir son destin.

 

Cette remise en question, Hideo Gosha l'opère à travers deux couples de samouraïs qui sont situés à différents stades de la hiérarchie, et où chaque homme met constamment son code de l'honneur à l'épreuve. Si l'un est prêt à sacrifier sa femme pour accomplir sa mission, l'autre est poussé par sa femme vengeresse, mais sa proximité avec leur proie commune (Gennosuke) le ronge. Co-écrit par Gosha lui-même, Le sabre de la bête permet une fois de plus de voir des personnages féminins forts et qui existent bel et bien parmi les hommes,  qu'elles soient passives, voire soumises, ou actives et fatales. Le lieu de la rivière pendant la seconde partie du film sied parfaitement à l'image de la « bête » que devient Gennosuke qui trouve refuge sur ses rives ; si cet élément apporte la fortune, c'est bien l'infortune qu'elle offre en définitive.

 

A l'instar de Hara-kiri de Masaki Kobayashi, Le sabre de la bête est aussi remarquable car, à travers son regard sur l'Histoire, l'œuvre en dit long sur son temps (de création), où les étudiants des années 1960 remettaient en cause le système du pays ; l'utilisation multiple du mot « réforme » dans le film n'est donc pas anodin.

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