Critique : Sans état d'âme

Thomas Messias | 29 mars 2008
Thomas Messias | 29 mars 2008

Premier indice indiquant le degré de finesse de Sans état d'âme. Le film va parler des requins que sont les juges, les journalistes, les flics ? Banco : quelques images de requins. Très grande classe. Ce n'est évidemment rien par rapport à la nullité absolue de ce qui suit : on est captivé environ 90 secondes par une intrigue sans doute prévue pour un épisode des Cordier juge et flic mais refusée par TF1 car risquant de faire baisser le niveau de la série. Ensuite, on peut s'amuser à pratiquer ce bon vieux jeu de "devine quelle sera la prochaine scène". Et ne gagner qu'une fois sur deux : à de nombreuses reprises, le scénario Sans état d'âme plonge si abruptement dans la bêtise qu'il devient difficile de le suivre.


Le premier film de Vincenzo Marano va toujours plus loin dans le cliché, le vulgaire, le pathétique, avec un jusqu'auboutisme franchement énervant. Le pire, c'est que les trois (!) scénaristes semblent être persuadés de bout en bout de la finesse totale de leur œuvre. Difficile de choisir la scène la plus explicitement indigente : ce dîner chez les grands bourgeois pour montrer que l'argent ne fait pas le bonheur ? le face-à-face Frémont-Lucas dans un vestiaire de salle de sport pour augmenter le taux de testostérone du film et faire dans la révélation tonitruante ? ou Hélène de Fougerolles observant sa nouvelle amie pute se taper un étalon italien avant de lui confesser son excitation ? Le choix est délicat.


Non, le grand gagnant, c'est décidément l'intégralité de ce Sans état d'âme qui voudrait tant mêler Lumet et Verhoeven mais échoue pitoyablement sur tous les registres. Même le triangle amoureux (la pute aime le juge qui se ferait bien la journaliste qui elle-même vibre pour la pute) est complètement foireux, la plastique de Candice Hugo ne parvenant même plus à rallumer la flamme d'un spectateur qui s'est tailladé les veines depuis longtemps. Directeur de la photo de formation, Marano ferait mieux de retourner à ses premières amours plutôt que de persévérer dans un métier clairement pas fait pour lui.

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