Critique : Un coeur simple

Jonatan Fischer | 25 mars 2008
Jonatan Fischer | 25 mars 2008

Adapter Flaubert au cinéma n’est pas une mince affaire. Et certainement pas une affaire de débutante. L’audace de Marion Laine, qui a choisi d’adapter le conte éponyme de l’auteur pour son premier film, est donc à saluer. Mais comme on pouvait reprocher à l’ami Gustave son obsession pour l’esthétisme, la jeune réalisatrice n’évite pas les effets trop maniérés et superflus. Au mieux, cela donne une scène transcendante où le corps de Pascal Elbé est sublimé au point de provoquer un orgasme express à Sandrine Bonnaire (rien que ça !), au pire cela donne un excès de fondus, de ralentis et un plan de fin avec un perroquet supra kitsch (et c’est là que l’on réalise toute la difficulté de retranscrire la force d’une description littéraire à l’écran, par la force parfois fragile des images).

 

 

Maladroit, Un cœur simple l’est donc indéniablement. Cela n’empêche pourtant pas cette oeuvre naturaliste et courageuse d’être particulièrement passionnante de par la galerie de personnages aux fêlures intimes qu’elle propose. Tout d’abord, un portrait de femme, celui de Félicité, le personnage principal, LE cœur simple. Une femme qui donne tout son amour aux autres, sans conditions, et à qui le destin ne fait jamais de cadeau (tous ceux qu’elle aime finissent tôt ou tard par la quitter). Amoureuse brisée, elle se réfugie comme servante chez l’acariâtre Madame Aubain, un véritable mur émotionnel. Entre sarcasmes et pudeur, la réalisatrice creuse la relation entre ces deux femmes que tout oppose et se permet bien des libertés par rapport au récit d’origine. S’appuyant sur un casting habité, son adaptation devient ainsi drame intime et fait de la campagne le théâtre de la solitude et de la dépression. Un théâtre qui ne manque ni de charme ni d’ambitions.

 

Coeur simple, émotions complexes, destins tragiques et foudroyants : avec une psychologie des personnages aux petits oignons (dans les premiers comme les seconds rôles) et des dialogues d’une précieuse finesse, le premier long-métrage de Marion Laine ne manquera pas de séduire un certain public averti.

Résumé

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