Critique : Mon führer
Le problème de Mon Führer est qu'il n'a de comique que le personnage d'Hitler grimé en pantin dépressif, le
reste du film laissant exprimer une dimension dramatique inexorable avec un discours en filigrane sur les
camps, l'éternelle violence ou la mort qui rôde. Et cette cruauté dont le cinéaste ne parvient à se défaire annule ou rend grotesque le
comique de la marionnette Hitler. Le voir en jogging, pleurer dans un lit ou
faire l'amour aurait pu provoquer l'hilarité (on se souvient de l'Hitler de
Russ Meyer dans Megavixens, rachitique et grandguignolesque) mais Denis Levy ne
parvient pas à passer outre la charge historique qui tourne autour du personnage pour le
rendre réellement ridicule.
L'intrigue autour du bouffon
Hitler n'a de cesse de rappeler qu'il s'agit d'un bouffon assassin qui a fait
gazer plus de 10 millions de personnes dont 6 millions de juifs. Chaque plan,
chaque dialogue et chaque apparition d'Ulrich Mühe, excellent par ailleurs,
nous font prendre conscience de l'improbabilité de la situation et le comique
recherché s'effondre, ne parvenant qu'à amplifier le drame de la séquence
initiale.
Le problème de Mon Führer vient de cette incapacité à dépasser la sphère tragique pour arriver dans le registre comique et c'est d'autant plus dommage que techniquement, le film est parfaitement maîtrisé.
Lecteurs
(0.0)