Critique : Viridiana

Nicolas Thys | 5 mars 2008
Nicolas Thys | 5 mars 2008

De retour en Espagne après un long périple au Mexique Buñuel signe Viridiana qui remporte la Palme d'Or en 1961 après avoir divisé et été interdit par le régime franquiste pour son côté blasphématoire. Ce film, l'un des plus critiques de Buñuel sur la religion et sur l'absurdité de l'homme, fait preuve d'une délicieuse misanthropie et, tout en étant beaucoup plus réaliste sur l'état du monde que nombre d'œuvres naïvement humanistes, laisse exploser la véritable nature bestiale, cruelle et hypocrite inhérente à l'homme indépendamment de son appartenance à toute classe sociale.

 
Des plus aisés au plus démunis, tout le monde est à égalité sur le dégoût qu'autrui lui inspire et sur l'incapacité à résister à sa nature quasi animale sauf s'il s'agit de faire bonne figure. Désir sexuel, pulsion alimentaire, amour du pouvoir ou supériorité exacerbé, tout y est. Les rapports de classe et de sexe sont toujours violents et poussés à l'extrême. La religion, qui tente de concilier chaque monde et de les faire vivre en paix, n'est finalement qu'un leurre. Ce que montre Buñuel, c'est que la seule et unique manière de vivre sa foi en fin de compte c'est de ne pas la « pratiquer » mais de la garder pour soi, cloîtré dans un couvent où le monde extérieur, sa misère qu'on prétend combattre et les dissemblances entre chaque hommes, ne viendront pas compromettre la jolie théorie générale selon laquelle tout est amour.

 
Chaque symbole religieux sera détourné, plusieurs références bibliques perverties et finalement tout se conclura sur un jeu de cartes, perversion malheureuse qui laisse le hasard entrer dans une vie normée et toute foi s'effondrer sur elle-même. Œuvre magistrale teintée de surréalisme, Viridiana est exemplaire d'un bout à l'autre.

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