Critique : Michael Moore : polémique système

« Pff ! Encore un documentaire à charge sur Michael Moore ! » serions nous tentés de lâcher en regardant ce documentaire. Oui mais... A la différence du notoire Michael Moore hates America qui fut la réponse des néo-conservateurs à Fahrenheit 9/11, ...Polémique système est une enquête de deux journalistes canadiens de gauche spécialisés dans l'étude des médias. Cela rend l'entreprise tout de suite plus crédible, d'autant plus que le portrait est plutôt bien balancé, jonglant entre des faits avérés plus (« Moore a sorti le documentaire du ghetto PBS ! ») ou moins glorieux (« C'est un connard mégalo trafiquant la vérité ! ») ; des faits rapportés dans leur écrasante majorité par des intervenants du même bord politique que Moore, il est important de le signaler. 

Alors, bien entendu, il y a fort à parier que la vérité est entre les deux et que les pro et les anti camperont sur leurs positions. Enfin, tout de même, le parcours de Moore laisse perplexe lorsque l'on s'aperçoit qu'entre sa bio officielle et la réalité, il y a un gouffre parfois béant (renvoyé de son poste de rédac chef de Mother Jones pour divergences politiques selon lui, incompétence caractérisée selon sa rédaction). Dans la même veine, on ne sera guère étonné d'apprendre que sa quête soi-disant sans succès pour interviewer Roger Smith, le PDG de General Motors, dans Roger & moi, a bel et bien été assouvie. Et plutôt deux fois qu'une !

Vous l'aurez compris, l'auteur de ces lignes partage sensiblement le même avis que Richard Gere sur le bonhomme : « J'aime bien ses convictions mais pas ses méthodes ! » Il faut dire qu'entre temps, Moore a sorti Sicko qui sous-entendait sans honte qu'un foyer français moyen émargeait à 10000€ par mois. Ce documentaire ne plaira certainement pas à celles et ceux qui se réjouissaient que Fahrenheit 9/11 reçoive la Palme d'Or. Il a néanmoins le mérite de signaler une chose : Moore ferait mieux de s'assumer en polémiste employant les mêmes méthodes que l'ennemi (comme brandir la menace de la conscription en Irak sans aucune preuve) au lieu de ternir l'éthique documentaire.