Critique : BloodRayne

Laurent Pécha | 26 février 2008
Laurent Pécha | 26 février 2008

Boll contre-attaque ! Armé d'un budget conséquent (25 millions de dollars) et d'un casting aussi irréel pour le bonhomme qu'hétéroclite (Michael Madsen, Ben Kingsley, Michelle Rodriguez, Kristanna Loken mais aussi Billy Zane, Udo Kier ou encore Géraldine Chaplin), le réalisateur se lance avec ambition dans une nouvelle adaptation de jeu vidéo après en avoir massacré deux (House of the dead et Alone in the dark). La passe de trois ?

 

 

Durant un petit quart d'heure, on est tenté de répondre négativement tant le cinéaste teuton fait preuve d'une aisance peu commune pour installer son intrigue (en termes « Bolliens » s'entend). Ne se refusant rien (mais alors rien), Boll lorgne du côté du Freaks de Tod Browning et installe les prémices d'un récit ambitieux à grands coups de cadrages presque élégants. Mais chassez le naturel et il revient au galop. Tel le démon du grand n'importe quoi qui sommeille en lui, le sage Uwe se rappelle vite à nos bons souvenirs et va durant l'heure et quart restante nous rappeler pourquoi il fait figure d'immense fossoyeur d'adaptation de jeu vidéo.

 

 

Bien aidé par des comédiens en totale roue libre (Michael Madsen n'y croit pas mais alors pas une seule seconde, Ben Kingsley se lance dans un concours de grimaces d'anthologie, Billy Zane nous fait pleurer de rire avec sa moumoute, Michelle Rodriguez fait pleurer tout court tous ceux qui espérait encore quelque chose de la formidable interprète de Girlfight,…) d'où émerge tout de même la conviction et la beauté de Kristanna Loken (et hop ! une scène de cul totalement gratuite histoire de capitaliser sur le physique plus qu'avantageux de l'ancienne bourre-pif du Terminator), Boll fait de BloodRayne un gigantesque nanar traversé de scènes anthologiquement nulles.

 

 

Les « fans » du réalisateur seront ravis d'apprendre qu'ils auront le droit à LA séquence sans quoi un film de Boll ne serait pas vraiment un film de Boll : une bataille acharnée où tout le monde se fout sur la gueule (en unrated, c'est gore à souhait avec des plans aussi ridicules que jouissifs) devant la caméra déchaînée du père Uwe dont le cadrage et le découpage défient toute logique cinématographique et ce pour notre plus grand « bonheur ». Malheureusement, l'aspect ambitieux du projet (genre on raconte une vraie histoire avec des vrais personnages qui ont des vraies motivations) nuit à son rendement d'œoeuvre involontairement désopilante et les éclairs « bolliens » sont le plus souvent mis à rude épreuve par une série de tunnels de dialogues d'une rare platitude et déclamée par des acteurs qui n'y croient jamais. Heureusement, à chaque fois que l'on songe à jouer de la télécommande pour éviter le supplice verbal imposé par le David Lean du jeu vidéo au cinéma, le récit retrouve de sa vitalité par la grâce d'effets visuels tous pourris et de plans gores totalement gratuits filmés par une caméra surexcitée.

 

 

À l'image d'une ultime séquence inoubliable qui résume tout le cinéma hors normes d'Uwe Boll (a-t-on déjà vu à notre époque un cinéaste aussi nul qui fait autant parler de lui ?) où l'on assiste quasi médusé à un best of des plans gores du film durant trois minutes, BloodRayne ne laisse pas indifférent. Et ça, à l'heure où le cinéma est si morose, c'est une qualité que l'on ne pourra jamais enlever à ce satané Boll.

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