Critique : Le Merveilleux magasin de Mr Magorium

Julien Foussereau | 13 février 2008
Julien Foussereau | 13 février 2008

Soit un excentrique pluri centenaire à la dégaine pas possible ayant passé la majeure partie de son existence à émerveiller les bambins dans son bric-à-brac rempli de jouets uniques. Soit une jeune manager, ancien prodige du piano en plein doute existentiel. Le premier a décidé qu'il était temps de tirer sa révérence à ce bas monde. La seconde n'est pas prête à reprendre le flambeau. Le magasin, enchanté évidemment, fait la gueule devant le départ de son hôte. Le nœud du film tient en ce slogan : « Allez Natalie ! Il faut croire en toi ! »


La magie du cinéma réside parfois dans cette faculté à réveiller l'enfant qui est en chacun de nous. Et de magie, il en est largement question dans ce Merveilleux magasin de M. Magorium. Quand cela est amené avec la finesse d'un Mary Poppins, on plonge tête baissée dans le conduit de cheminée. Quand le merveilleux équivaut à un pachyderme lancé à toute allure dans de la porcelaine de Limoges, le cynisme nous gagne... Et que ce M. Magorium, sorte de Charles Trenet avec un feuveu sur la langue n'a rien à voir avec Julie Andrews.

 

Evoluant dans cet étrange magasin, le spectateur s'identifie immédiatement au comptable rasoir, chargé d'estimer la valeur du bien et interprété par Jason Bateman (très bien au demeurant). A ce titre, une scène résume le tout : une Natalie Portman complètement à côté de la plaque demandant à ce dernier s'il arrive à voir en elle l'étincelle qui fera la différence. Rien. Nada. Queudale. Si, en plus, il doit se fader les leçons de vie (cf. plus haut) surlignées au marqueur rose bonbon de Portman et Hoffman, hurler la profession de foi qui suit devient urgent : oui, nous sommes tous des comptables et fiers de l'être.

 

Là est le cœur du problème : le magasin de Magorium n'est merveilleux que dans son titre. Les décors ne sont pas laids, ils respirent juste l'artifice, l'absence de vie. L'idée initiale, passionnante, pourrait donner lieu à quelque chose d'aussi frappadingue que Dustin Hoffman. Au lieu de cela, Le Merveilleux magasin de M. Magorium ressemble plutôt à ce qu'aurait écrit Roald Dahl s'il avait été sous Prozac. Un sentiment qui fait d'autant plus mal lorsque le film se réveille enfin à la fin. Portman embrasse enfin sa destinée en réorchestrant façon Karajan son univers selon ses désirs. Trop tard : on a déjà filé chez Toys'R'Us.

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