Critique : Notre univers impitoyable

Victor et Margot sont jeunes, beaux, riches et amoureux... Jusqu'au jour où leur patron les met en concurrence pour devenir associé du cabinet d'avocats dans lequel ils travaillent..

Les deux tourtereaux basculent alors dans l'univers impitoyable de l'argent, du pouvoir et... du cliché ! Ancrer la comédie dans la problématique très contemporaine de l'égalité des sexes au travail était prometteur. La construire sur l'alternance des hypothèses et des points de vue (Il obtient le poste/ elle  obtient le poste) aussi. Hélas, Léa Fazer utilise trop mécaniquement ce subterfuge narratif : ses personnages n'évoluent pas, le rythme est monotone et l'artifice ne fait plus d'effet sur le spectateur.

Mais, le plus grand gâchis réside dans l'utilisation abusive des lieux communs. Côté face, celui de l'homme triomphant, le mari se tape sa secrétaire, frime dans sa bagnole rutilante  et délaisse sa femme enceinte jusqu'au cou. Côté pile, Madame rafle la mise, se tape son patron, tombe enceinte, ignore qui est le géniteur (mince alors) et provoque une bagarre entre les deux coqs.... Parité oblige, hommes et femmes en prennent respectivement pour leur grade mais le discours aurait gagné à être plus incisif, cynique ou tout simplement assumé.

Après s'être échinée pendant une heure et demie à prouver que le pouvoir faisait des ravages dans le couple, la réalisatrice en vient à cette conclusion désarmante :  au diable l'évolution de carrière, refusez toute promotion et faites triompher l'amour !

Marilyne Letertre