Critique : Le Moindre geste

Nicolas Thys | 28 janvier 2008
Nicolas Thys | 28 janvier 2008
Le Moindre geste est un ovni filmique dans le sens où il est totalement impossible à situer. Il n'est ni un documentaire, ni une fiction ni un film expérimental et moins encore un film institutionnel car justement il échappe à ces regards de professionnels pour professionnels en s'attachant avant tout à l'humain. Il est à la fois au confluent des trois premiers genres et en perpétuelle opposition. Pour le décrire, il s'agit de l'expérience d'un homme qui marche et qu'on entend parler.

Mais cette parole n'est pas n'importe quelle parole et cet homme n'est pas n'importe quel homme. Catalogué "débile profond" il fait partie de ceux dont le réalisateur, Fernand Deligny, l'une des plus importantes références de l'éducation spécialisée dont les travaux ont largement dépassé le cercle éducatif, s'est occupé au long de sa carrière.

Cet homme, Yves, le héros du film, est justement l'un de ceux avec qui tout dialogue a été rompu, l'un de ceux à qui parler n'est pas vraiment autorisé car on ne les écoute pas, on ne les considère pas. Pourtant il est l'un de ceux qui a le plus besoin de s'exprimer, car comme pour tout homme le langage est au coeur de son existence, même s'il n'est pas tout à fait semblable au nôtre.

Le Moindre geste c'est une aventure unique et poétique qui s'est étendu sur près de 10 ans, sans véritable trame narrative, loin de toutes les conventions cinématographiques. C'est un hymne à l'homme, dans ce qu'il a de plus simple et de plus complexe, dont le titre, particulièrement évocateur, exprime à la fois l'étendue des difficultés rencontrées et des progrès réalisés. C'est une histoire vécue par un homme intérieurement prisonnier qui recouvre ici une part de liberté physique et spirituelle et dont la fiction personnelle rejoint peu à peu notre réalité.

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