Critique : We feed the world
Surfant sur la vague lancée par Hubert Sauper avec son Cauchemar de Darwin, We feed the world est à la fois un documentaire anti mondialisation et profondément écologique qui a pour but de provoquer afin de réveiller les esprits. Sans être d'une grande inventivité formelle, le film d' Erwin Wagenhofer emprunte au reportage télévisé dans sa mise en scène d'images chocs mais va au-delà pour proposer un discours puissant et important mais néanmoins sans grande surprise.
Tout le film peut se résumer à
cette phrase provocante et malheureusement vraie de Jean Ziegler :
« Etant donné l'état actuel de l'agriculture, on sait qu'elle pourrait
nourrir 12 milliards d'individus sans difficulté. Pour le dire autrement :
tout enfant qui meurt actuellement de faim est, en réalité, assassiné ».
Le message est clair mais si le film démarre et se termine très fort il traine régulièrement
en longueur. Les épisodes espagnols, et roumains notamment sont peuplés de
longs plans fixes inutiles qui freinent le récit.
En outre le réalisateur perd un
peu le fil de son discours pour montrer gratuitement des images sanguinolentes.
En filmant longuement l'abattage industriel des poulets, il semble oublier que
ces poulets sont semblables, au final, aux poulets morts en basse court après
avoir été plumés. Le problème évoqué aurait dû être axé sur le gaspillage et
non sur la chaine alimentaire. Délicate aussi sa manière de vouloir faire de
quelques exemples nationaux (très bons pris indépendamment les uns des autres)
une généralité mondiale sur la pêche ou l'agriculture.
On s'attardera davantage sur la
séquence finale, une interview du PDG de Nestlé, première multinationale
agroalimentaire, aussi horrible que déstabilisante et surtout hypocrite à
souhait. Ou comment un patron qui n'a pour but que le profit maximum alors
qu'il est déjà richissime tente d'expliquer que donner à ceux qui en ont besoin
est une idée extrémiste et monstrueuse ! A elle seule cette séquence
aurait pu figurer dans le magnifique documentaire de Nicolas Philibert et Gérard
Mordillat : La voix de son maître.
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