L'Orphelinat : critique hantée

Patrick Antona | 27 janvier 2008 - MAJ : 06/06/2018 11:13
Patrick Antona | 27 janvier 2008 - MAJ : 06/06/2018 11:13

Aux côtés notamment de [Rec]L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona prouve la vitalité d'un cinéma fantastique ibérique qui arrive à séduire hors de ses frontières tout en gardant une tonalité et une forme qui lui sont désormais bien propres.

Présenté comme un croisement entre Les autres d'Alejandro Amenabar et L'échine du Diable de Guillermo del Toro (ici producteur voire inspirateur), L'Orphelinat est un conte horrifique se concentrant uniquement sur le destin tragique de Laura (omniprésente et impressionnante Belen Rueda) désespérément dévouée dans la recherche de son fils disparu et à qui vont se révéler les terribles secrets de sa propre enfance. Récit atmosphérique mené de main de maître, L'Orphelinat se situe à la lisière du film gothique dont le sujet est l'enfance (Les innocents) et du récit à la Stephen King (la côte Galicienne comme succédané au Maine de l'auteur américain) tout en y ajoutant une forme de mysticisme catholique qui l'ancre profondément dans la tradition du cinéma espagnol.

 

 

Prenant le temps de raconter son histoire et de ne pas céder aux scènes-chocs, bien que le film en recèle, le réalisateur J.A. Bayona, aidé par son scénariste Sancho Sanchez, réussit à manipuler adroitement le spectateur. Ainsi lui sont présentés fausse-pistes et retournement de situation de rigueur, où la psychologie prime plus que sur le style, le tout s'appuyant sur une bande-son travaillée qui cristallise et accompagne chaque moment d'horreur avec efficacité.

On peut alors regretter de la part des auteurs le choix d'une fin par trop « angelique » qui amenuise le propos du film. Car jusqu'à son dernier quart, L'Orphelinat avait réussi à ménager son suspens : film de fantômes ou trauma d'une femme hantée par le remord ? En concédant au jeune réalisateur cette erreur de jeunesse, portée par une volonté de vouloir en faire trop, Juan Antonio Bayona montre dans son premier film des aptitudes et des compétences évidentes et prouve qu'un bon film d'horreur est celui qui arrive à émouvoir, tout en garantissant une bonne dose d'effroi et d’angoisse. 

 

Résumé

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commentaires
Pat
06/06/2018 à 10:48

Un des films les plus surestimés de ses 10 dernières années et avec lui c'est aussi le début de la fin de l'originalité des films d'épouvante made in Hispania.

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