Critique : Les Perles de la couronne

Nicolas Thys | 4 décembre 2007
Nicolas Thys | 4 décembre 2007

Les Perles de la couronne et Remontons les Champs-Elysées font partis d'une catégorie de film de Guitry qu'on pourrait dénommer ses films historiques, de même que Si Versailles m'était contée par exemple. Mais l'Histoire chez Guitry est toujours assez particulière et répond à différents préceptes comme le jeu, l'anachronisme et l'imaginaire, de même qu'elle est très rarement, et c'est tant mieux, documentaire et exacte.

Dans l'une de ses fameuses réflexions sur les femmes et le monde Sacha Guitry écrivait : « Je n'aurai jamais épousé la fille de Molière ou celle de Fragonard - car je ne me serais pas reconnu le droit de faire des petits-fils à des hommes pareils ». Et ce qu'il n'aurait jamais osé faire en vrai, il le faisait dans ses films, pour compenser peut-être. Ainsi Remontons les Champs-Elysées n'est rien d'autre qu'une traversée de la fameuse avenue de l'époque de Louis XV à 1938 en suivant pas à pas l'hérédité d'un héros qu'il interprète lui-même et qui descend rien de moins que du roi de France, de Napoléon, de Marat, et ainsi de suite...

De même si Les Perles de la couronne ne font de lui qu'un petit bourgeois qu'il jouera lui-même, entouré de quelques uns des grands comédiens de l'époque, les plus grands rois de France ou personnages historiques d'envergure, de François 1er à Napoléon III. Le point de départ de l'histoire, les trois perles à retrouver, n'étant que prétexte à un jeu de piste digne de Sherlock Holmes au pays de la dentelle auquel il se prête volontiers et à quelques jeux de mots fameux qui l'imaginent par exemple parler et comprendre des langues étrangères qui ne sont autres que la sienne !

Certains pourraient ne pas saisir l'intérêt de l'Histoire selon Guitry. Pourtant elle ne fait qu'une chose : refléter son œuvre vaudevillesque une fois encore car rien ne l'intéresse moins que les comportements hommes / femmes à travers les âges qui, finalement, n'ont pas plus évolué que cela. Alors après, que le parlé ne varie pas d'une époque à l'autre, que les décors ou habits ne soient pas vraiment les mêmes que ceux portés par les seigneurs d'antan, que les faits ne soient pas trop historiques, qu'importe car, comme le cinéaste le faisait dire à Bourvil alors gardien de musée dans Si Versailles... : « Si ça me plait à moi de les imaginer ainsi, les omissions, les erreurs et les anachronismes on s'en fiche bien quand c'est le cœur qui les commet ».

Voilà le parangon de l'Histoire selon Guitry, une Histoire du cœur plus que de la raison, sa vision de l'Histoire à travers les défilés souvent amusants et inénarrables des plus grands noms, une Histoire où Bonaparte, alors encore un simple nom, peut croiser au détour d'une rue brumeuse, son prénom, Napoléon, alors empereur déchu. Et finalement, quoi de plus beau que ces rêves et ces jeux d'un auteur à qui de toute manière on pardonnera tout ?

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