Critique : Le Charlatan

Nicolas Thys | 15 octobre 2007
Nicolas Thys | 15 octobre 2007

Réalisé par Edmund Golding, cinéaste dandy assez moyen qui officia des années 30 aux années 50 à la MGM avant de passer chez Warner et à la Fox et aujourd'hui tombé dans les oubliettes des gloires passées, Le Charlatan est peut-être son œuvre la plus importante et pourtant la plus éloignée de ce à quoi on l'avait cantonné jusque là.

Film noir jusqu'au bout des ongles, sublimement mis en lumières ou, devrait-on dire, au vu de la noirceur des séquences foraines initiales et finales, mis en ombres par Lee Garmes, cette diatribe sévère règle ses comptes avec deux des thèmes fétiches de la grande époque d'Hollywood : la religion et la psychanalyse. Le backstage est le royaume de l'ombre, là où tout se manigance, où les coups bas, crimes et préparations à l'arnaque se règlent alors que la scène est le lieu de l'artificiel : lumière faussement divine accolée au charlatan qui attire ses moucherons afin de les gober.

Mais pourtant rien de réellement manichéen ni moralisateur dans cette fausse série B, et c'est d'ailleurs le plus étonnant. Le mal, présent dès le commencement, ne quittera jamais réellement le devant de la scène, et triomphera encore et toujours, la vie n'étant qu'un vaste cercle vicieux.

En somme soit on prend le chemin de la psychanalyste, le mal incarné, personnage féminin au parfum d'Eve, escroc machiavélique qui n'hésite pas à trahir patients et complices afin de s'enrichir sur le dos de tout un chacun ou de sauver sa peau, charlatan d'autant plus dangereux qu'elle connaît tout les stratagèmes de la manipulation mentale, bien plus qu'un chiromancien, soit on finit médiocrement en bête de foire comme Tyrone Power dans une de ses plus belles compositions : amuseur public devenu (trop) modeste arnaqueur et prophète de pacotille.

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