Critique : Carla's song

Nicolas Thys | 14 octobre 2007
Nicolas Thys | 14 octobre 2007

Depuis ses débuts, Ken Loach semble attiré par la misère du monde. D'abord la misère économique et social des classes populaires britanniques qu'il n'a de cesse dénoncer, ensuite la misère d'autres pays et d'autres époques au cœur de conflits belliqueux oubliés ou ignorés de tous dont il pointe les ignominies.

Carla's song se situe dans la deuxième catégorie mais, pour un film de Loach, prend une tournure inhabituelle puisque le cœur de l'histoire sera une romance entre les deux protagonistes. Romance et rencontre entre deux univers qui doivent se découvrir et apprendre à se connaître, se dévoiler, aller à la rencontre de l'autre afin de se donner à voir pleinement. Le film de Loach montre et touche l'amour et laisse entendre la guerre : des combats mais peu visibles à l'exception de maisons brûlées la nuit et d'un rêve, vision indirecte des cruautés. La guerre se raconte de la bouche de ceux qui la vivent - l'imagination plus forte que la monstration - et dans les tirs invisibles et effrayants des contras.

L'amour est tactile : des corps qui communiquent à défaut de parler, des atmosphères comme la falaise écossaise et son brouillard à couper au couteau qu'on parviendrait presque à caresser, des lumières somptueuses au teintes chaudes dès que Carla arrive dans la vie de Robert Carlyle et ternes lorsqu'il est seul. L'horreur de la guerre est difficile à revivre, à montrer et pourtant, pour que l'amour s'accomplisse le retour au pays est inéluctable, une catharsis horrible et nécessaire.

Cette rencontre entre deux mondes ne peut se faire sans heurts, sans déception finale pour l'un ou l'autre des personnages. Chez Loach rien n'est gratuit, les fins heureuses sont impossibles car toujours les combats continuent et l'amour ne triomphe de rien : il rend juste un peu plus supportable certaines douleurs physiques et morales. Tout en prenant un parti légèrement différent de ses autres films, il permet au cinéaste de jouer davantage sur le registre de l'émotion et de réussir un autre grand film.

NB : Seul défaut : le pourquoi des conflits au Nicaragua est difficile à comprendre pour les néophytes. Pour plus de détails historiques consultez ceci ou son équivalent plus complet en anglais ici.

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