Critique : Sans moi

Lucile Bellan | 10 octobre 2007
Lucile Bellan | 10 octobre 2007

Du livre éponyme de Marie Desplechin, Olivier Panchot a renversé l'histoire. Plutôt que de s'attarder sur l'adolescente perturbée Lise, il choisit volontairement de mettre en lumière les zones d'ombre du personnage de la mère divorcée Anna, pudiquement laissée de côté par l'auteure et dont on connaît la part autobiographique. Sans moi est un film de silences, où les fantasmes d'Anna se mélangent à la réalité pour ne plus former qu'une masse poétique où le spectateur s'enferme comme dans une toile d'araignée.

 

Olivier Panchot, réalisateur et scénariste dont c'est le premier long-métrage, imprime une véritable patte visuelle à l'histoire. Dans un Paris à la fois bourgeois et moderne, toujours dépeuplé, des lignes épurées des immeubles de verres aux parcs de verdures sans fin, Anna et Lise se laissent glisser vers l'enfer d'une relation malsaine. Anna voit en Lise l'élément perturbateur et instable, graine de chaos dans une vie qui ne la satisfait plus. Un passage à l'acte courageux mais qui la pousse toujours plus loin vers la folie. De ce genre de pitch, on s'attend toujours à une fin spectaculaire ou violente. Ici, rien de plus que la réalité, du vécu, sans pathos ou tragédie... Ce qui peut laisser malgré tout un goût d'inachevé.

 

Malgré une musique envoûtante, grâce à la présence d'un titre du groupe post-rock Gregor Samsa dans la bande originale et qui donne clairement le ton, et la performance subtile et belle de Yael Abecassis, le métrage ne saurait aspirer à l'équilibre sans un pilier du récit solide. Malheureusement, Clémence Poésy échoue à cette tache, et au vu du manque de charisme de la comédienne, clairement bouffée par l'ampleur du rôle, on comprend mal l'obsession que lui voue Anna. Cela n'enlève pas totalement au film sa force de caractère et son aura, mais tout de même.

Résumé

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