Critique : Hellzapoppin

Jean-Noël Nicolau | 28 septembre 2007
Jean-Noël Nicolau | 28 septembre 2007

Maître étalon de la comédie burlesque, Hellzapoppin, mis en scène en 1941, ne connaît aucun équivalent en son genre et il faudrait chercher du côté des délires les plus percutés des Marx Brothers ou des Monty Python pour approcher la folie furieuse en liberté ici. Adaptation d’un spectacle musical de Broadway, largement conçu autour de l’improvisation, le film ne garde que quelques numéros dansés (dont un jazz d’une énergie impressionnante) pour contaminer le médium cinématographique en le poussant dans toutes ses limites. Comme le dit la chanson titre : « tout peut arriver ». En ce sens l'unique comparaison possible serait l’œuvre de Tex Avery, dont Hellzapoppin serait la seule version live véritablement digne.

Film dans le film, dialogues avec le spectateur, avec le projectionniste, entre les acteurs et leurs doubles, il n’y a plus aucune règle et tout est permis. La pellicule saute, l’image se fige, se rembobine, les objets prennent vie, un surréalisme total vampirise Hellzapoppin à tel point que cette anarchie aura pu être qualifiée de situationnisme avant l’heure. En effet, si un chaos très organisé est à l’œuvre de la première à la dernière scène, c’est au service du rire le plus franc et le plus décomplexé. Les audaces sont innombrables et d’une modernité qui surprend à chaque vision. Sous-entendus sexuels très crus mais jamais vulgaires, absence de scénario revendiquée (ou alors les passages obligés sont copieusement moqués et détournés), on peut croire à un acte révolutionnaire contre toutes les formes de bienséance et de codes.

Le dynamitage est étourdissant et il est impossible d’énumérer le nombre de gags repris parfois littéralement par à peu près tout le monde (dont en particulier David Lynch avec son On the air qui tentait d’approcher trop gentiment l’hystérie du film de H.C. Potter). Dominé par le duo Ole Olsen et Chic Johnson, Hellzapoppin réserve une place de choix à deux autres talents comiques hors normes : l’énergique Martha Raye et l’irrésistible Mischa Auer en prince Pepi. Par sa richesse, sa créativité unique et surtout son potentiel à provoquer l’hilarité et l’émerveillement de tous les publics, Hellzapoppin est parfois considéré comme le chef-d’œuvre de la comédie américaine à tendance slapstick et nous ne serons certainement pas de ceux qui oseront prétendre le contraire.

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