Critique : Le Rivage des murmures

Nicolas Thys | 24 septembre 2007
Nicolas Thys | 24 septembre 2007

Si les pays colonialistes européens les plus célèbres sont la Grande-Bretagne et la France, d'autres possèdaient également des territoires en Afrique comme le Portugal installé au Mozambique, en Angola et en Nouvelle-Guinée. Les années 1960 sont marquées par des guerres dans ces pays entre colonisés et colonisateurs. C'est dans ce contexte que prend place le Rivage des murmures, qui tente de faire resurgir par le biais de la fiction la mémoire refoulée d'un pays et de ses vieux démons, une partie de son Histoire en somme.

Le film est beau, à l'image de son titre : images splendides, couleurs orangées légèrement feutrées qui donnent de l'Afrique une teinte étrange comme perdue dans un rêve, une musique douce agréable qui couvre souvent le bruit de paroles horribles, de mots qu'on ne veut pas entendre, une mise en scène discrète et détournée qui filme les personnages et leur conversations à travers des caches : rideaux, vitres épaisses, miroirs, des cadres qui se superposent les uns aux autres. Tout est là pour marquer la fuite, l'Histoire qu'on ne peut écrire ni montrer. L'interprétation est aussi réussie dans l'ensemble et le film pourrait être très bon mais pourtant quelque chose résiste.

Le rythme d'abord, lent, très lent, trop lent pour ce qu'il y a à montrer. Le problème des films contemplatifs est qu'il faut quelque chose à contempler, que la narration invite à la contemplation, à la rêverie, que le récit épouse cette temporalité particulière qui transporte dans un ailleurs incertain et ce n'est pas le cas ici. L'Afrique ? On ne la voit que très peu, des photos, une plage, deux appartements. Le rythme fausse l'action au lieu de la servir.

L'approche globale du sujet ensuite. En prenant comme point de départ la vie au Mozambique d'une épouse de militaire et ses aventures sexuelles et amoureuses, le thème originel est plus ou moins évacué au bénéfice des vicissitudes et du quotidien de celle-ci. L'Histoire qu'on espérait voir surgir est mis à l'écart, reléguée au second plan et n'intervient que lors de conversations banales.

Un mot résume seul le sentiment global qu'inspire le Rivage des Murmures : « dommage »

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