Critique : Le Violon

Le Violon est une petite perle venue d’un horizon assez méconnu cinématographiquement et qui réserve de bien belles surprises. Une photo en noir et blanc absolument éblouissante, une histoire simple mais percutante et qui parvient à ses fins sans sentimentalisme exacerbé ni scènes de massacres excessives comme bien souvent, le film de Francisco Vargas parle simplement de l’état du Mexique à une époque indéfinie. Aujourd’hui ou il y a cinquante ans, qui sait ? Sans quelques détails rien ne permettrait de dater l’action comme si le monde décrit était comme tel depuis toujours.

Une fois encore il s’agit d’une œuvre forte sur un pays où les droits de nombreuses minorités sont bafoués, dans lequel des tensions violentes entre le gouvernement et des paysans rebelles perdurent et ne semblent jamais cesser. Mais contrairement à de nombreuses films de cet acabit, la forme utilisée est idéale et surtout particulièrement efficace. Pris entre réalité et fiction, le cinéaste a choisi une option originale pour traiter son film, prenant le parti de la photographie. 

Le Violon est un film peu parlé, dans lequel de nombreux plans sont fixes, où le mouvement de la caméra cherche à se dissimuler au profit de jeux d’ombres et de lumières éblouissants. Ces derniers confèrent à chaque cadre une dimension photographique rappelant à la fois la photographie sociale, qui cherche à s’approcher du réel et à montrer et à dénoncer des conditions d’oppression et de misère dans le monde entier, et l’activité artistique des photographes humanistes, qui placent l’homme au cœur de leur propos d'autant que les protagonistes sont des non professionels qui jouent ce qu'ils sont.

A travers une histoire simple et belle, une fiction dans laquelle la musique joue une place primordiale puisqu’elle est la gardienne des traditions d’une culture mise en péril, et à l’aide d’une esthétique d’une rare beauté, le Violon envoute et choque, démontrant par la même occasion que le film politique peut encore être promis à un bel avenir.