Critique : Le Mariage de Tuya

Par Lucile Bellan
18 septembre 2007
MAJ : 25 février 2020
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Faux film austère au fin fond de la Mongolie chinoise, Le mariage de Tuya dégage avant tout une chaleur surprenante à l'image de son héroïne. Elle n'est d'abord qu'un regard caché sous une accumulation de vêtements, puis devient si belle quand elle se découvre. Pour son troisième long-métrage et sa troisième collaboration avec l'actrice Yu Nan, le cinéaste chinois Wang Quan'an porte un regard réaliste et bienveillant sur une femme qui porte sur ses épaules toute la culture et les traditions de sa région. Et s'il faut au spectateur un temps d'adaptation et de compréhension dans ce désert aride, impossible de ne pas se laisser prendre par son périple que cela soit au milieu des steppes ou pour trouver un nouveau mari.

Celui qu'elle cherche doit sauver sa famille de la ruine et supporter autant financièrement que physiquement sa maigre exploitation. Mais ces considérations matérielles  ne suffisent plus (et heureusement !) pour Tuya, qui se prend à rêver d'amour et de complicité. Par son interprétation intense et subtile, Yu Nan devient et symbolise alors un peu toutes les femmes.

Mais derrière ce beau portrait se cache aussi un témoignage plus amer sur le mode de vie des Mongols. Si une femme veut changer son monde, celui-ci connaît déjà d'autres bouleversements tels qu'une violence expansion industrielle ou une politique gouvernementale de réappropriation des terres. Pour le réalisateur, son Mariage annonce aussi un enterrement, celui d'un monde et d'une culture. Le voyage, entre dépaysement et prise de conscience, devient alors indispensable.

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