À vif : critique justicière dans la ville

Laurent Pécha | 7 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Laurent Pécha | 7 février 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

D'un côté un sujet (l'autodéfense) pas vraiment connu pour avoir fait naître des œuvres subtiles (les Justicier dans la ville du père Charles Bronson en tête) et un producteur (Joel Silver, vous savez, L'Arme fatale) encore moins renommé pour la finesse de ses productions. De l'autre, une actrice principale (Jodie Foster) ayant le plus souvent opté pour des films ambitieux et un cinéaste (Neil Jordan) singulier à la carrière déroutante. Résultat : un À vif intrigant à plus d'un titre.

JODIE À VIF

À vif a donc tout du film schizophrène qui peut être vu à la fois comme une énième variation bête et méchante de la loi du talion ou comme une plongée presque fantasmagorique dans les méandres du cerveau malade d'une femme qui a tout perdu. Cette dualité de style et d'ambitions narratives, on la retrouve constamment dans le nouveau film de Neil Jordan (Entretien avec un vampireBreakfast on Pluto). Ce qui fait de À vif une œuvre incroyablement bancale et pourtant ô combien fascinante à bien des égards.

À commencer par la performance de Jodie Foster que l'on n'avait plus vu aussi douée depuis... oserait-on écrire Le Silence des agneaux ? La comédienne n'interprète pas seulement cette femme meurtrie et anéantie par la tragédie qu'elle a vécue, elle l'habite. Sa souffrance, sa perdition qui l'amène à l'irréparable, on la vit d'autant plus intensément que la mise en scène de Neil Jordan réussit dans ses moments là à sublimer les peines intérieures de son personnage principal en optant pour une mise en images à la lisière du fantastique.

 

A vifJodie Foster

VIGILANTE FOSTER

Si, à ses côtés, le toujours remarquable Terrence Howard en enquêteur de police lui donne une solide réplique, il stigmatise aussi les faiblesses évidentes du film qui rejoint petit à petit les traces balisées du vigilante movie lorsque le récit s'articule autour de la chasse du mystérieux justicier. On ne se retrouve certes pas dans le film d'action décérébré, Jodie Foster et Neil Jordan étant trop ambitieux et subtils pour cela, mais À vif devient alors très prévisible. On serait même tenté de dire convenu si le final, gonflé, ne clôturait le film sur une note (d'intention) forte méritant débat au moins quelques heures après la projection. Une qualité rare de nos jours !

 

 

 

Résumé

Un peu balisé et prévisible, À vif reste néanmoins un film intéressant dans lequel Jodie Foster s'épanouit pleinement.

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