Critique : Caramel

Lucile Bellan | 13 août 2007
Lucile Bellan | 13 août 2007

Caramel a l'apparence d'une parenthèse dans un univers sensuel, délicieusement moite et sucré. Une incursion dans l'antre de la féminité, toujours entre humour et gravité, mais sans (trop) abuser des vieux clichés. Bien sûr, elles ne parlent que des hommes ou de sexe, mais personne n'oserait leur jeter la première pierre. Et la fraîcheur des comédiennes y joue pour beaucoup. Aucune professionnelle dans ce casting et leur innocence ainsi que leur talent irradient chaque séquence.

 

Les défauts, bien excusables et humains, sont ceux de la féminité. Et il semble parfois que si la réalisatrice-comédienne Nadine Labaki n'hésite pas à gentiment ridiculiser ses personnages par des masques de beauté et autres produits disgracieux, elle manque un peu de courage pour elle-même et n'arbore que quelques bigoudis. Un peu de coquetterie ? Pourquoi pas, surtout qu'on ne lui en voudra pas de vouloir rester aussi belle. Plus embêtant, les histoires de ses compagnes manquent parfois de développement ou de temps à l'écran et l'on voudrait en savoir plus sur les amours de Rima (Joanna Mkarzel) ou les déboires de Jamale (Gisèle Aouad) au détriment de l'histoire touchante mais un peu déjà-vu de Layale.

 

De Beyrouth, on ne voit qu'une rue, de la portière d'une voiture ou à travers la vitrine de l'institut. Avec cette impression de bulle, de doux chaos, ce n'est donc pas tant un décor dévasté que la volonté de continuer à vivre, à rester des femmes et à badiner joyeusement qu'affiche la réalisatrice. Si c'est un parti pris discutable, lâcheté pour certains et courage pour d'autres, on ne peut critiquer une vraie originalité et une vision différente pour qui n'est pas familier avec le cinéma libanais ou la situation du Liban aujourd'hui.

 

Cette incursion dans un institut de beauté libanais, sans prétention, est bien loin des néons du Vénus beauté (institut) de Tonie Marshall. Certains iront même jusqu'à y voir une forme d'Almodovar-isme mais à la fin du film, après une seconde de réflexion, on est surpris de se rendre compte que c'est bien une femme qui porte, et c'est rare, un regard aussi tendre et sans une once de cynisme sur ses compatriotes.

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