Critique : La Vérité ou presque

Thomas Messias | 2 août 2007
Thomas Messias | 2 août 2007

Si les films choraux lassent visiblement les spectateurs (les derniers en date, Ma place au soleil en tête, ont essuyé de gros échecs au box-office), les réalisateurs français s'obstinent et persistent dans un genre qui requiert plus de finesse et de style qu'il n'y paraît. Visiblement, Sam Karmann s'est bien amusé à adapter le roman de Stephen McCauley ; mais si La vérité ou presque est un spectacle assez honorable, on ne peut pas vraiment dire qu'il sorte du lot, ne se distinguant ni par son style, ni par son originalité.

 
Il n'y a qu'à observer le casting pour comprendre le manque total d'ambition qui caractérise le film : Karin Viard en emmerdeuse, Dussollier en gentil mec ouvert aux autres, Cluzet en salaud sympathique... Chacun est employé dans ce qu'il a toujours fait (plutôt bien, d'ailleurs), et aucune surprise ne vient transcender le film. De même, pour la réalisation : Karmann multiplie les mouvements de caméra, mais tout cela ressemble moins à une mise en scène qu'à une volonté un peu primaire de ne pas ressembler à un téléfilm.

 
À condition de se focaliser sur ce qui fait l'essence même du film, les dialogues, La vérité ou presque recèle quelques moments assez savoureux, notamment la scène du dîner, où les vacheries pleuvent pour notre plus grand bonheur. Fasciné par les liens entre passé et présent (une mystérieuse chanteuse de jazz fait office de passerelle, comme JFK dans Kennedy et moi), Karmann livre une fin gentiment touchante, doublée d'une morale pas trop appuyée.

Sa réflexion sur la vérité (et sur son pas tout à fait contraire, le mensonge) est assez bien vue ; pas suffisant cependant pour rivaliser avec la perversité bourgeoise d'un Chabrol ou la tendresse piquante d'un Jolivet. Manque à Karmann un sujet suffisamment fort ou une vraie personnalité de cinéaste, l'idéal étant d'avoir les deux.

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