Critique : American vertigo
Si cette année Bernard Werber se prend pour un être supérieur à ses amis les terriens, après visionnage d'American Vertigo, le spectateur est en droit de se demander pour qui Bernard-Henri Lévy se prend-il ? Vaste question. Au moins aussi vaste que le sujet auquel il s'attarde ici : les Etats-Unis. Ce film est l'adaptation en images et en sons du livre éponyme de l'intéressé. Qui comme toute son œuvre a suscité critiques sanguinaires et ventes astronomiques. Et le monsieur manipule parfaitement son image, avec un talent certain pour la provocation. Mais alors, où est donc ici cette fameuse provocation ?
Dès les premières minutes, il se compare à Tocqueville et n'hésite pas à y faire référence dès que l'occasion se présente. Il développe pendant ce qui semble être des heures toute sa théorie, jolie mais simplette, sur la route qui représente l'Amérique. Jusque-là, le métrage ressemble son auteur : grandiloquent et vide.
Et ce n'est guère mieux sur la forme : une carte permet de suivre le parcours (et de voir se rapprocher la fin) et les scénettes thématiques sont entrecoupées de titres aux noms douteux, de jeux de mots « intellectualisants ». La caméra tangue comme un cache misère, quand elle n'est pas tout simplement remplacée (manque de moyens ou choix artistique ?) par un diaporama des photos d'une ville. Un comble pour un film qui se veut carte postale d'un pays.
Enfin, il est difficile (impossible) de dresser le portrait
d'un pays et de sa population ou même de répondre à la vaste problématique de
base (que signifie être américain ? qu'est ce que l'Amérique
aujourd'hui ?) en seulement 1h30. BHL en fait la preuve par quatre, voire
même plus. Le montage ultra cut, les mini phrases définitives sans
développement et les interviews sans questions, et donc sans réponses, n'en
sont que plus décevants. Pour un auteur qui se défend des clichés, il tombe
dans un piège encore pire : la facilité.
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