Critique : Made in Jamaica

Flavien Bellevue | 12 juin 2007
Flavien Bellevue | 12 juin 2007

Sous-titré « Music, sex & guns », Made in Jamaïca semble être de prime abord un documentaire cliché sur la culture jamaïcaine. Certes, nous savons que le reggae et le sport (le sprint en particulier) sont emblématiques de cette île des Grandes Antilles mais l’œuvre de Jérôme Laperrousaz dépasse ces clichés à travers des portraits de musiciens de l’île, de différentes générations, qui font état de la société dans laquelle ils vivent. Une occasion pour le réalisateur de redécouvrir la Jamaïque, vingt-cinq ans après son documentaire sur les ghettos de Kingston : Third World, prisoner in the street

 

Tout au long du documentaire, la musique sert de fil conducteur au réalisateur français pour nous faire voyager et découvrir la Jamaïque. Des vétérans du reggae Bunny Wailer, Gregory Isaacs, le groupe Third World, Capleton, aux nouvelles stars  Bounty Killer ou encore l’extravagant Elephant Man, Made in Jamaïca brasse quasiment quarante ans de musique au service d’une île qui se bat contre la pauvreté et la violence. Alors que l’ancienne génération (Bunny Wailer en tête) rappelle l’histoire de l’esclavage et la colonisation de la Jamaïque ; elle dénonce également le fait qu’il n’y ait aucune fabrique d’armes sur l’île et que les meurtres à l’arme à feu soient encore légions. La nouvelle génération de musiciens (Bounty Killer, Elephant Man), elle, rend compte de leur parcours du ghetto au « star system » en évoquant également les problèmes actuels de la Jamaïque.  

 

Bien que, par certains aspects, le Dancehall (musique issue du reggae au début des années 80) paraît misogyne et sexiste, Jérôme Laperrousaz donne la parole aux femmes qui œuvrent dans ce style musical (Lady Saw et Tanya Stephens) pour affirmer leur liberté et indépendance ainsi que la place de la femme dans la société jamaïcaine. Made in Jamaïca est donc un documentaire militant, fascinant magnifiquement filmé en HD et un cri du cœur rythmé de la Jamaïque où plane bien évidemment l’ombre du légendaire Bob Marley.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire