Critique : Streamers

Nicolas Thys | 6 juin 2007
Nicolas Thys | 6 juin 2007

Réalisé en 1983 Streamers peut se voir comme une réponse d'Altman à la série MASH qu‘il détestait car trop éloignée de son film. Il s'agit cette fois de l'adaptation d'une pièce de théâtre d'un genre peu courant puisqu'elle se passe dans un camp militaire américain au début de la guerre du Vietnam. Le camp est presque vide, trois personnages assez jeunes apprennent à se connaître et s'affrontent pendant que des seconds rôles entrent et sortent, faisant ressurgir sur leur passage des frustrations et des sentiments de haine qui mèneront à un drame irrémédiable.

Streamers est un film militant contre la guerre, le racisme et l'homophobie, contre tout ce qui fait l'Amérique puritaine en somme. Altman se départit du cynisme de MASH et préfère ici jouer sur le malaise et l'angoisse qui règnent, distillant une atmosphère quasi claustrophobe dûe à l‘aspect théâtral : la caméra ne sort jamais de son périmètre d‘action très restreint et ne fait que sculpter les visages des protagonistes en accentuant leurs tourments et la crise latente. tout se dérègle et la folie s'immisce dans leur monde trop discipliné.

Le générique annonce la couleur. Sur un fond brumeux des silhouettes armées entament une marche militaire qui se transforme en un spectacle pesant et inquiétant mêlant danse et claquettes. Passant de la comédie au drame quand il ne joue pas sur la superposition des deux, le cinéaste fait mouche et le spectateur ne sait plus sur quel pied danser : une ambiance bon enfant se transforme en guerre des dortoirs, les sergents au visage tuméfié par l'alcool ressemblent à des clowns au nez rouge faisant des farces stupides avant d'évoquer leur trauma des combats. Le film se joue sur les non-dits, la peur, les histoires et les couleurs : le rouge sang présent du début à la fin devient alors le motif d'une mort imminente. Impossible d'en ressortir indemne.

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