Critique : I don't want to sleep alone

Vincent Julé | 6 juin 2007
Vincent Julé | 6 juin 2007

Tsai Ming-liang est-il de ces réalisateurs qui font toujours le même film, à l'instar du chinois Wong Kar-wai ou du thaïlandais Pen-ek Ratanaruang ? Depuis ses débuts en 1992 avec Les rebelles du dieu neon, et encore plus depuis La Rivière, il travaille les corps et les sens pour paradoxalement exprimer au mieux la solitude, l'incommutabilité et l'aliénation des villes urbaines et des sociétés modernes. Et après le moitié occidental et donc peut-être plus accessible Et là-bas, quelle heure est-il ? ou une Saveur de la pastèque âpre et sexuée, sa petite musique continue de se faire entendre, de bercer et caresser, tandis que les êtres ne font toujours que se croiser. Ou alors au mieux, s'effleurent-ils.

 

En quittant son Taiwan adoptif pour sa Malaisie natale, Tsai Ming-liang redécouvre Kuala Lumpur, et le spectateur avec lui. Une mégapole victime de la crise financière, de la corruption politique et, pour le coup et la métaphore, d'un nuage de poussière. Subtilement politisé et engagé, I don't want sleep alone donne ainsi plus de chair et d'humour à ses trois personnages, habituels écorchés et paumés. Leur errance faite de plans fixes, où la ville et la vie n'en finissent plus de s'animer et de s'agiter, se mue doucement en ballet poétique et envoûtant. Le metteur en scène a en effet cette capacité à faire durer ses plans jusqu'à cette limite, ce point de rupture, où l'apparent ennui devient une belle patience puis une passionnante contemplation. Il en va de même pour le film.

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