Critique : Import Export

Sandy Gillet | 21 mai 2007
Sandy Gillet | 21 mai 2007

Import Export raconte l'histoire de deux trajectoires qui ne se croisent jamais. Deux destins similaires en quête d'espoir entre une Ukraine de l'est aux paysages digne du tiers-monde et une Autriche presque voisine aux relents d'eldorado. Pour l'un, Olga une jeune infirmière tout juste mère qui n'arrive pas à s'en sortir, il s'agit de s'y rendre pour trouver un travail mieux rémunéré et pour l'autre l'Autriche n'est plus qu'une patrie synonyme désœuvrement et de chômage. Entre les deux Ulrich Seidl, cinéaste autrichien auteur du sulfureux Dog Days, film la frontière sociale. De celle qui provoque aujourd'hui les transhumances synonymes de tragédies humaines.

 

Vaste sujet s'il en est qui aurait pu donner lieu à un magnifique film pamphlet sur l'état d'une société occidentale de plus en plus repliée sur elle-même. Au lieu de cela Ulrich Seidl choisit de ne pas « s'impliquer » préférant une caméra certes attentive à la détresse sociale qui l'entoure mais empreinte de beaucoup trop de réserves formelles pour que l'on y adhère vraiment. De fait, voici un film découpé en saynètes assez indépendantes l'une par rapport à l'autre où il ne nous est épargné que peu de choses dans la représentation de la misère humaine. À tel point que l'on peut se demander si tout cela n'est pas juste fait pour choquer le bourgeois. Tout y est montré sous un jour cru, anatomique et sans pudeur ; chose qui en temps normal ne peut que rencontrer l'adhésion mais qui ici ne fait qu'alourdir un propos déjà vide de sens.

 

La question que l'on se pose dès lors à l'issue de la projection est : à quoi bon ? À quoi bon une telle débauche d'énergie (le film s'est tourné par une moyenne de -20° sur deux hivers), à quoi bon un tel militantisme au service d'une sorte de vrai-faux documentaire qui ne s'assume pas ? À quoi bon vouloir explorer l'âme humaine via des images chocs et pornographiques si derrière l'ensemble finit par relever d'un simple voyeurisme même pas malsain ? Pour ceux que les mêmes questions tarauderont, on ne saurait trop leur conseiller Lilya 4-ever le merveilleux film de Lukas Moodysson dont Import Export n'est qu'un cousin très éloigné et dégénéré.

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