Critique : L'Ouragan de la vengeance

Réalisé en 1965, L'Ouragan de la vengeance, est à première vue un western de facture assez classique même si comme The Shooting il nous entraine dans des espaces dépeuplés, sans vie et sans ville. La nature est au centre de la composition spatiale des films de Monte Hellman et il s'en sert comme peu de metteurs en scène savent le faire. Si la mort des grands studios hollywoodiens quelques années auparavant a été un frein économique, elle a donné au cinéaste une plus grande liberté en lui permettant de pouvoir tourner en extérieur, sans reconstitution, au plus près du monde et de l'étrangeté insaisissable des paysages et des contrées sauvages et vierges du territoire américain.

Tout part d'une erreur. Des bandits de grand chemin dévalisent une diligence. Trois cowboys venant du nord et rentrant au texas (on a une nouvelle fois chez Hellman le thème du voyage, de la traversée du territoire ou d'une partie de celui-ci dans un périple ambigu et tragique) s'arrêtent pour la nuit à deux pas des hors-la-loi. Au petit matin une patrouille de « vigilantes » vient arrêter les brigands mais se méprend sur le groupe à arrêter. S'ensuit une poursuite infernale.

On retrouve certains des traits caractéristiques du cinéma de Monte Hellman dans ce film et notamment une présence très forte des acteurs (Nicholson en tête dans un rôle à deux facettes qui lui convient parfaitement : naturellement bon et devenu brute à cause de l'aveuglement et de la méprise de certaines personnes) et une lumière éblouissante qui parvient à créer admirablement une atmosphère chaude et à réorganiser au mieux l'espace du film. Son principal défaut se situe dans le léger manque d'ambition formelle par rapport au film précédent, le style d'Hellman semblant évoluer peu à peu au fil des années. Malgré tout L'Ouragan de la vengeance reste vraiment très bon et permet une introduction en douceur dans l'univers si singulier du cinéaste.