Critique : C'est Gradiva qui vous appelle

Julien Dury | 5 mai 2007
Julien Dury | 5 mai 2007

C'est Gradiva qui vous appelle est un film de vieux sage. Que l’on ne s’y trompe pas, l’affirmation n’a rien de surannée en des temps où le « jeune cinéma français » fait de plus en plus de surplace. Il s’agit juste de souligner que le dernier long-métrage d’Alain Robbe-Grillet réorganise les mêmes fantasmes qui ont parcouru toute l’œuvre de l’auteur. Au programme donc, tortures raffinées, orientalisme, structure labyrinthique et Club du Triangle d’Or. Rien de nouveau certes, mais ce sont là des réjouissances dont on ne se lasse pas

Par ce côté obsessionnel, le film donne une impression de confort rare. S’il fallait s’amuser aux comparaisons, on pourrait évoquer ces ouvrages pour amateurs éclairés que l’on trouve dans le fond des librairies érotiques. Peu importe que les sévices imaginés par Robbe-Grillet n’aient guère évolués avec les années, puisque les fantasmes de l’écrivain restent parmi les plus savoureux qui soient. Il y a dans Gradiva une maîtrise rare de l’équilibre entre narration cérébrale et lacérations charnelles. Au dessus de tout, trône un humour tout particulier au sein duquel les faux aveugles sont les guides les plus sûrs.


C’est pourtant un Robbe-Grillet plus contemplatif qu’à l’habitude que l’on découvre au cours du récit. Bien qu’il ne se prive pas de décrire la sordide beauté de la décapitation, il se permet également de faire naître l’émotion lors d’un final aux limites du tragique. Le personnage de Belkis porte cette innocence nouvelle, à travers l’amour secret qu’elle porte à son maître. S’il fallait une raison à l’existence de Gradiva, ce serait sans doute la sérénité retrouvée avec laquelle le vieil artiste traite de ses thèmes de prédilection. Le privilège de l’âge, sans doute.

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