Critique : Les Chevaliers de la table ronde

Julien Foussereau | 2 mai 2007
Julien Foussereau | 2 mai 2007

« Chevalier de la Table Ronde ! Goûtons voir si ton film est bon ! » Plutôt incongrue cette entrée en matière, n'est ce pas ? En même temps, il serait tout aussi malvenu de se fouler pour ce beau morceau d'opportunisme qu'est la version des légendes « Arthuriennes » selon Richard Thorpe. En 1952, le talent du cinéaste à mettre en image des récits chevaleresques lui vaut un triomphe avec la réussite incontestable qu'est Ivanhoé (et aux spectateurs mâles de tomber amoureux d'une Liz Taylor belle comme jamais.) Sentant le filon à exploiter, MGM rappelle Richard Thorpe et Robert Taylor pour remettre le couvert...sauf que, clairement, le cœur n'y est pas.

 

Sur un plan logistique, Thorpe y gagne au change entre le recyclage des accessoires et Robert Taylor se laissant pousser la barbichette. Sur le plan strictement artistique, il faut bien admettre que la geste naïve résiste mal aux moqueries du cinéphile vénérant Monty Python Holy Grail lorsque le cabotinage généralisé de Robert Taylor et Mel Ferrer (leur manque de virilité ferait presque passer Ben Hur et Messala pour des camionneurs) renvoie curieusement aux diablotins anglais, le second degré en moins. Et c'est là que le bât blesse, Les Chevaliers de la Table Ronde efface le sel des récits Arthuriens : le choc entre le mystique, la brutalité et le mystère. Ne reste qu'une tonalité gentiment neuneu, alourdie constamment par un mélange malheureux entre anglais moderne et ancien. Richard Thorpe signe là un véritable véhicule où valeurs américaines se substituent maladroitement aux mythes médiévaux anglais quand ces derniers ne sont pas tout bonnement massacrées (cf. la mort de Modred, Merlin faisant de la figuration, le Graal expédié à la va-comme-je-te-pousse...)

 

On pourra toujours se consoler avec le festival de couleurs pétantes typiques du Golden Age, la profondeur du regard d'Ava Gardner et la nostalgie d'un temps lointain où les scènes de figuration massive étaient vierge de toute « triche numérique. » Si vous jugez cela trop mince, alors reportez vous sur Ivanhoé ou Excalibur.

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