Critique : Le Jour le plus Long

Laurent Pécha | 26 avril 2007
Laurent Pécha | 26 avril 2007

Quand on compare Le jour le plus long à Il faut sauver le soldat Ryan, on n’a pas l’impression d’assister à la reconstitution de la même guerre, des mêmes événements. Si le film de Spielberg fait dans l’ultra réaliste rendant sa vision difficilement supportable car éprouvante, réussissant ainsi à rendre compte le plus fidèlement possible de l’horreur de la situation, Le jour le plus long évoque plus une guerre mélodramatique où certes des soldats meurent mais où le drame humain ne prend que peu d’importance.

Pourtant, malgré ce bémol qui peut en agacer plus d’un, le film produit par Daryl F. Zanuck est un monument du cinéma. Une œuvre immense et unique en son genre. Un film d’un autre temps, d’une autre époque, celle où le cinéma américain (voir le cinéma tout court) et les producteurs en particulier prenaient des risques, des paris de fou parce qu’ils estimaient que le film devait se monter. Une envie de faire du cinéma avant même de penser à remplir les caisses (même si dans le cas précis, le succès du film a permis à la Fox de survivre). Tout le contraire de Pearl Harbor en somme.

Quand Zanuck décida de se lancer dans cette reconstitution du débarquement du 6 juin 1944, il savait déjà que par respect pour cette page si importante de l’Histoire du monde, il devait utiliser les moyens les plus prestigieux imaginables. La réussite et même l’essence du film passait par là. Aujourd’hui, plus encore qu’hier, la somme de talents réunis sur ce film étonne et fait rêver (un tel film serait sans nul doute impossible à produire sans mettre le moindre studio hollywoodien dans la panade). Trois metteurs en scène en charge chacun d’une partie spécifique du film (Kenn Annakin pour la partie anglaise, Andrew Marton pour l’américaine et Bernhard Wicki pour l’allemande et même Zanuck en personne qui mit la main à la patte pour certaines séquences). Une flopée de scénaristes dont un vainqueur du Prix Goncourt. Un thème (un sifflotement impossible à arrêter une fois qu’on commence à le fredonner) et une musique de légendes composés par respectivement Paul Anka et Maurice Jarre. Enfin et surtout une pléiade de stars. Un casting qui laisse pantois d’admiration : John Wayne, Robert Mitchum, Henry Fonda, Arletty, Bourvil, Sean Connery, Richard Burton, Mel Ferrer...

Avec ces cartes en mains qui ressemblent fortement au poker à une quinte flush, Zanuck ne pouvait que réussir. Mais encore fallait-il s’atteler à une chose primordiale : la reconstitution. Car, la grande force du Jour le plus long, c’est cette faculté à rendre compte avec un sens du détail hallucinant des moindres faits et gestes qui eurent lieu durant ce fameux 6 juin 1944. Le film nous invite à refermer nos vieux livres d’école pour découvrir en live ce qui s’est passé ce jour là. Pour cela, le producteur fou n’a pas lésiné sur la logistique. Tournages sur les lieux mêmes du débarquement, des milliers de figurants, tout le matériel et armes de combat nécessaires, les conseils historiques et techniques de 23 militaires aux nationalités diverses. Rien n’a été laissé au hasard.

Le résultat de cette application de tous les instants, de cette volonté de rendre un hommage appuyé à ceux qui ont permis que le débarquement soit un succès, donne ce film hors normes qu’est Le jour le plus long.

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