Critique : Waking life

Julien Foussereau | 16 avril 2007
Julien Foussereau | 16 avril 2007

Entre deux règlements de facture par le biais de films impersonnels et alimentaires, Richard Linklater s'affirme en artiste exigeant. Son goût prononcé pour l'expérimentation formelle et son art de la bavasserie existentielle vulgarisée ont produit un résultat tantôt intrigant, voire fascinant, tantôt horripilant. Waking Life, inédit chez nous, est sans l'once d'une hésitation son film dans lequel il assouvit comme rarement ses deux péchés mignons quand, d'une part il retravaille intégralement ses prises de vue réelle au rotoscope infographique, d'autre part il met en scène le cheminement philosophique d'un garçon s'interrogeant sur la véracité de notre univers.

 

 

Plus qu'un simple brouillon de A Scanner Darkly, Waking Life est l'occasion de concilier animation arty avec propos franchement cérébraux. Une mise en garde s'impose alors d'elle-même : dépourvu de scénario carré, paradoxalement logique dans sa construction pour qui a des bases en philo ou bordélique aux yeux des profanes, Waking Life est assurément difficile d'accès. Richard Linklater s'appuie sur la confusion entre rêve et réel de son héros pour mettre en image une dissertation dans laquelle il convoque, pour ne citer qu'eux, Kierkegaard, Saint Thomas d'Aquin, Saint Augustin, Aristote, Nietzsche, Truffaut, Bazin, Jung, Debord, Lorca et K. Dick ! (ouf !)

 

 

Si, en plus de ce tonnage « intellectuel » , vous avez un paquet d'heures de sommeil en retard, piquer du nez ne sera pas même une option ! Par contre, pour peu que l'on ait la « gniak », Waking Life se révèle être une invitation au voyage imaginaire des plus plaisantes grâce à la poésie certaine de son monde familier revisité à la palette graphique. Car le charme de Waking Life réside dans cette tambouille étrange où l'on cause libre-arbitre et déterminisme, volonté individuelle contre pression sociale, mise en doute cartésienne de la réalité, rêve et inconscient collectif au beau milieu d'une déformation peinturluré de la réalité jouant à fond sur l'aplat. Cela pourrait être insupportable de prétention, seulement la modestie de Linklater arrondit les angles et rend sa bizarrerie plutôt attachante.

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