Critique : One + one

Dans les années 1960 deux groupes anglais dominent le rock : les Beatles et les Stones. Les premiers ayant refusé l'offre de Godard de participer à son film, le réalisateur d'A bout de souffle se tourne vers les londoniens qui acceptent. Ainsi débute l'aventure de One + One dans lequel JLG a parfaitement su capter le message politique dont les Stones étaient porteurs afin de le replacer dans un contexte général enclin à l'embrasement intellectuel et social de l'époque.

Tourné en 1968, One + One, objet filmique plutôt hétéroclite, présente une succession de séquences de révoltes des Black Panthers, militants actifs et violents défendant la cause noire, et l'enregistrement fragmentaire d'une chanson des Stones, l'une des plus célèbres et les plus engagées : Sympathy for the devil qui donne son titre à une version « producteur » rejetée par le cinéaste. L'une des principales différences avec One + One étant que Godard ne souhaitait pas qu'on entende la chanson des Stones en entier contrairement aux producteurs qui y voyait un moyen de gagner un peu plus d'argent.

One + one est un manifeste politique et cinématographique ancré dans une époque trouble mais qui 40 ans plus tard n'a absolument pas vieilli et conserve un pouvoir contestataire intemporel et une énergie qu'on aimerait voir plus souvent. En effet, si les modes ont changées et que les Stones n'occupent plus le devant de la scène rock, pour Godard l'histoire ne cesse de se répéter, les gens de se révolter et dès lors les londoniens ne pourront jamais terminer leur séance.

Pour les cinéphiles godardiens, ce film marque également un tournant dans l'œuvre de Godard puisque One + One arrive juste après Week-end et que c'est à partir de là que le cinéaste va commencer à se tourner vers la vidéo, le film militant et à se détacher du grand public pour continuer sur une nouvelle voie qui en découragera plus d'un et en éblouira quelques autres.