Critique : Bienvenue chez les Robinson

Flore Geffroy | 4 avril 2007
Flore Geffroy | 4 avril 2007

Etrange sensation que de voir, en amuse-gueule de Bienvenue chez les Robinsons, un vieux dessin animé de Walt Disney avec Mickey la souris et ses grandes oreilles, Donald et Dingo. Est-ce pour faire prendre la pleine mesure des pas gargantuesques accomplis dans l'animation et en prendre plein les mirettes avec la dernière production de l'Oncle Walt ? Si la bande-annonce du film donnait le ton d'un film foldingue, elle révélait aussi des images en 3D pas forcément convaincantes (et aussi plutôt moches, franchement criardes, relativement faciles) et une histoire qu'on sentait mal. Bref, il y avait là de quoi porter une prunelle plus que circonspecte sur le nouveau bébé disneyien, même si, gage de sérieux et note optimiste, on savait que les deux héros principaux, Lewis et son copain Wilbur, sont apparus pour la première fois en 1990, dans A Day with Wilbur Robinson, sous la plume de William Joyce, auteur américain pour enfants.

 

Hors donc, comment un orphelin de 12 ans, inventeur raté mais génial, parvient-il quasiment à faire oublier sa nature animée et vivre sur l'écran sa vie comme un personnage de science-fiction ? A l'inverse de la grande tendance ces derniers temps des films d'animation mettant en scène des animaux humanisés (Barnyard, Nos voisins les hommes, Les Rebelles de la forêt), voire des engins à quatre roues (Cars), Bienvenue chez les Robinsons met en scène des personnes... loufoques pour la plupart, on l'accorde volontiers, mais des personnes tout de même.

 

La galerie des protagonistes, pour une fois chez Disney, ne verse pas totalement dans la stricte caricature manichéenne, avec les gentils d'un côté et les affreux jojos de l'autre. Chacun a son Rosebud, que le scénario, tricoté adroitement, révèle au fur et à mesure d'une narration trépidante (parfois trop, on a envie de souffler de temps à autre). Voilà donc une histoire, une vraie, tirée par la technique et non plus prétexte à l'utilisation de la technique (tout le monde suit ?). Il y a là des références et des emprunts à Retour vers le futur, à La Guerre des étoiles et (presque) un embryon de réflexion sur les conséquences de ses choix et décisions, la notion de temps et du devenir de chacun. L'affreux de service, certes, possède quelques limitations intellectuelles intrinsèques à sa condition de vilain, mais qu'importe ?

 

On sent aussi que les responsables animation s'en sont donnés à cœur joie. Les images assez laides de la bande-annonce prennent une toute autre dimension (ah, la 3D, c'est quand même assez éblouissant) : les couleurs pètent de partout, vives et vivent. Certains décors sont ahurissants de profondeur. Le rythme des scènes, enlevé, possède les qualités de ses défauts : pêchu au point d'en être presque éreintant parfois. Les trouvailles visuelles abondent sans déborder : le chapeau melon doté d'une scélérate intelligence ; le dinosaure et ses petits bras pas musclés; l'orchestre des grenouilles génétiquement modifiées; le super-héros fan de pizzas au pepperoni...

 

Bienvenue chez les Robinsons serait-il un chef d'œuvre ? Que nenni. Un long-métrage d'animation de qualité ? Sans aucun doute... même si la morale est sauve une fois de plus - comme il se doit chez Disney -, avec cela de notable que sans prêchi prêcha et empreinte de nuances pas déplaisantes du tout...

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