Critique : Coffret Eiichi Kudo

Jean-Noël Nicolau | 22 mars 2007
Jean-Noël Nicolau | 22 mars 2007

Mis en scène en 1963, les 13 Tueurs affiche dès son titre ses ambitions d'hommage aux 7 Samouraïs de Kurosawa. Eiichi Kudo n'hésite pas à reprendre des données propres au cinéma du maître japonais, en évoquant dans la majeure partie du métrage la mise en place stratégique d'un Sanjuro, avant de s'épancher en une dernière demi-heure de bataille anthologique. Si la mise en scène de Kudo est fluide et sait merveilleusement gérer l'espace, il faut reconnaître que la présentation des tueurs et de leurs antagonistes, aussi efficace soit-elle, n'est pas d'une originalité renversante. C'est donc bien l'accomplissement du film, ce labyrinthe piégé à la taille d'un village, cadre du massacre final, qui donne tout son prix aux 13 Tueurs. La virtuosité de Kudo est alors impressionnante, il filme les échanges de coups de sabres avec une nervosité prenante et sait retranscrire la fureur et la peur avec réalisme et violence. Comme un 300 de l'époque médiévale japonaise, les 13 Tueurs décrit un combat disproportionné où la stratégie et l'énergie l'emportent sur le nombre. Réjouissante et sans concession, cette embuscade barbare s'affirme comme un sommet de réalisation et permet à l'oeuvre de trouver sa place parmi les classiques du film de samouraïs.

Les 13 Tueurs : 8/10


Apre et cruel, Le Grand attentat se révèle à présent comme l'un des plus sublimes accomplissements du cinéma japonais des années 60. Symbiose entre une histoire de vengeance d'une rare puissance et une mise en scène géniale, l'œuvre surprend par sa modernité et sa maîtrise. Eiichi Kudo ménage tout autant les cadres d'ensemble à la rigueur classique que des séquences de caméra à l'épaule lors de scènes d'action d'une violence frappante. Si le final rappellera celui des 13 Tueurs, il propose un contexte original (une partie du combat se déroule dans une rivière), une chorégraphie sauvage et crédible ainsi que des rebondissements palpitants. Honneur, sacrifice et trahison sont bien sûr omniprésents, mais la maestria visuelle transcende les thèmes les plus classiques. Le Grand attentat pourra ainsi être considéré comme le chef-d'œuvre d'Eiichi Kudo, ou tout du moins son film à découvrir en priorité.

Le Grand attentat : 10/10


En 1967, avec les Onze guerriers du devoir, le style d'Eiichi Kudo commence à montrer ses limites. Quasi remake des 13 Tueurs, le film, s'il est plus court et conclut donc plus promptement sur le massacre final, n'en suit pas moins en grande partie la même trame. Les protagonistes offrent aussi des points communs évidents et la mise en scène est loin d'être aussi inspirée que celle du Grand attentat. Une nouvelle fois c'est l'intensité du dénouement qui fait tout le prix de l'œuvre et il reste de très belles images. Mais Kudo n'arrive plus vraiment à se démarquer de Kurosawa et le combat sous la pluie est vraiment trop proche de celui des 7 Samouraïs. Les destins tragiques sont aussi moins surprenants et le déroulement général ressemble parfois à une copie appliquée des précédentes œuvres du réalisateur. Néanmoins l'aspect crépusculaire des Onze guerriers du devoir incarne idéalement la fin d'un genre.

Les Onze guerriers du devoir : 7/10

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